Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie VI)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Le porteur s’écria : « Où
voulez-vous que j’aille ?
Je suis fatigué
comme après une bataille,
Et l’odeur du vin,
moins douce que vos douces odeurs,
Me montent à la
tête ; de ces lieux la tiédeur
M’endort lentement,
et la nuit est très noire.
Ivre comme je suis
de vous voire et de boire
Je n’ai plus, mes
belles dames, assez de raison
Pour que je
retrouve le chemin de ma maison.
Souffrez que cette
nuit je demeure encore
Où vous le
voudrez. Je me lèverai à l’aurore
Et je m’en irai,
non sans peine, loin de vous
Et de vos charmes
si rares, qui me sont si doux. »
Par cette prière
du porteur attendrie,
Amine dit à ses
deux sœurs : « Zobéide chérie,
Et toi, ma douce
Sofie, cet homme n’a pas tort,
En le chassant
ainsi nous aurons des remords,
Il a de l’esprit
et il nous a diverties
Et nulle malséance
de sa bouche n’est sortie.
En cette nuit
froide et noire, l’allez-vous laisser
Et, alors qu’il
nous a réconfortées, blesser ?
Si vous m’aimez
comme je le crois, sœurs adorées,
Nous le laisserons
avec nous passer la soirée. »
« Ma sœur, dit
Zobéide, qu’il reste donc cette nuit
Puisque tu l’apprécies
et as cofiance en lui. »
« Porteur,
continua-t-elle, rien ne nous presse,
Vous jouirez avec
nous des délices de l’ivresse
Mais d’abord,
promettez-nous d’être bien discret
Et de ne point
vouloir connaître nos secrets
En posant des
questions qui vous sont interdites. »
« Si je le
fais, que mon âme soit maudite,
Repartit le
porteur. De taire ce que je vois
Et de point vous
faire entendre une curieuse voix,
Mes belles
demoiselles, je vous fais la promesse. »
« Levez-vous
et allez lire la sagesse
Sur notre porte,
dit Zobéide, et revenez. »
Le porteur lut :
cachée dans votre bouche, retenez
Votre langue, et
songez seulement à vos affaires,
Ou entendez des
choses qui ne vont point vous plaire.
Il revint aux
trois sœurs et, ardent, leur refit
Sa promesse première,
qui cette fois suffit.
Amine, en
préparant cette deuxième orgie,
Porta le souper et
alluma des bougies
Fait de bois d’aloès
et de doux ambre gris.
La salle ainsi que
le cœur du porteur épris
S’en emplirent de
lumière et d’odeur très douce.
Poètes oublieux
que rien ne courrouce,
Ils mangèrent,
burent, chantèrent et récitèrent des vers.
La joie les
emportait, profonde comme la mer
La voile chétive
que loin du port elle m’empote,
Lorsqu’ils ouïrent
tout à coup frapper à la porte.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
lundi 31 mars 2014
Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (VI)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: