mardi 25 mars 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie I)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Scheherazade dit au roi : « Sous le règne béni
De Haroun Alraschid, un porteur démuni
Habitait à Bagdad. Son âme était lasse
De sa besogne aussi pénible que basse,
Mais bien qu’il fût pauvre, chaleureux et charmeur,
Il avait de l’esprit et de la bonne humeur.
Un matin qu’il était comme d’habitude
Attendant patiemment dans la solitude
Qu’on eût besoin de lui, une dame d’une douce beauté
Dont le radieux regard était plein de bonté
L’aborda et lui dit d’une manière gracieuse,
Lui faisant entendre sa voix mélodieuse :
« Suivez-moi et prenez votre panier, porteur »
Le pauvre hère, enchanté par ses yeux enchanteurs,
Prit son panier qu’il mit aussitôt sur sa tête,
Suivit la dame et dit : « Par Dieu et le Prophète !
De cette beauté mes yeux sont tombés amoureux ;
Ô, jour de bonne rencontre ! Jour béni et heureux !
Que la route soit longue, car mon âme est charmée ! »
La belle dame devant une porte fermée
S’arrêta et frappa. Un auguste chrétien,
Sans lui parler et qui sait pourquoi elle vient,
Prit son argent et le cacha dans sa capuche,
Rentra et apporta une grosse cruche
Pleine d’un vin capiteux qui semblait excellent.
D’un ton qui n’était ni faible ni insolent,
La dame dit au bon porteur qu’elle enivre
De la mettre dans son panier et de la suivre,
Ce qu’il fit aussitôt, rapide comme un voleur.
Chez un vendeur de fruits et d’exotiques fleurs,
Elle s’arrêta ensuite ainsi que son homme
Et choisit des pêches, des coings, des limons, des pommes,
Des citrons, du myrte, des lis et des jasmins
Et d’autres fleurs douces et parfumées comme ses mains.
Le porteur qui portait toutes ces belles choses
Suivit encore la belle dame à la peau rose.
Elle passa devant l’étalage d’un boucher,
Acheta vingt livres de viande, et alla chercher
Dans une autre boutique fort grande et fort propre,
Des pistaches, des noix, des concombres et des câpres
Et mille autres choses qui fatiguèrent le dos
Du porteur qui avait l’habitude des fardeaux
Mais qui dit à la dame : « Ma bonne demoiselle,
Vous achetez toutes ces choses avec tant de zèle
Qu’il vous faut un cheval, ou plutôt un chameau
Pour porter tous ces faix auteurs de tous mes maux. »
La dame, en riant de cette plaisanterie,
Promit au brave porteur une bonne gâterie
Et lui dit doucement de la suivre à nouveau.
Il lui obéit, de ses grâces preux dévot.
Entrée chez un droguiste, elle acheta de l’ambre,
Des clous de girofle, de muscade, de gingembre,
Et des épiceries des Indes dont elle remplit
Le panier du porteur qui de son poids pâlit,
Et lui dit : « Porteur, je n’ai plus de courses à faire,
Et nous allons à ma demeure qui va te plaire. »

[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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