dimanche 11 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXVIII)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXVIII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
La princesse me dit que le roi son père,
Homme d’autorité aux arrêts sévères
Qui lui avait choisi son cousin pour époux
Quand elle le refusa, brûla d’un grand courroux.
Elle ne connaissait point cet homme moins jeune qu’elle,
Mais son père, qui voulut châtier cette rebelle,
Avait commerce avec un génie malfaisant
Qu’il chargea de l’emmener, en lui interdisant
De sortir, et portant tout le nécessaire.
Le génie porta, effrayant commissaire,
La nourriture ainsi que les ornements
A ces lieux où elle demeurait tristement,
Prisonnière de ce palais sombre et vaste
Et entourée d’un doux et d’un cruel faste.
« Vingt-cinq ans ont passé, ajouta-t-elle en pleurs,
Sans que mon père ne fût ému par ma douleur.
De ce génie il fit mon serviteur fidèle,
Voyez-vous cette porte, sire ? A côté d’elle
Il y a un talisman qu’il suffit de toucher
Pour qu’il apparaisse. Vous devez vous cacher
Car tous les six jours, sans que je ne l’alerte,
Il vient de lui-même voir comment je me porte.
Restez ici, seigneur ; soyez mon invité,
Selon votre mérite et votre qualité
Je vous régalerai, et serai votre hôtesse. »
Ces mots furent dits avec douceur et tristesse,
Seul un cœur monstrueux pouvait les ignorer.
Dans un bain parfumé la belle me fit entrer
Qui était des plus propres et des plus commodes.
Quand j’en sortis, je vis un habit à la mode
Et fort riche, à la place de mon ancien habit.
Je remerciai Dieu pour cet étrange acabit
Qui fit de moi l’hôte d’une si charmante princesse.
Nous nous assîmes tous les deux avec paresse
Sur un sofa garni d’un superbe tapis,
Des coussins soyeux nous offraient un doux répit
Et ils étaient du plus beau brocard des Indes.
La princesse, qu’emplissait une joie profonde,
Mit sur la table les mets les plus succulents
Et me servit à boire un vieux vin excellent
Et dont elle but avec moi par complaisance.
Le cœur adouci par toutes ces aisances
Et la tête échauffée de cette bonne liqueur,
Je dis à la princesse : « Beauté chère à mon cœur,
Votre père cruel de voir le soleil vous prive,
Il y a trop longtemps qu’il vous enterre toute vive,
Suivez-moi, princesse, acceptez mon secours
Pour jouir de la clarté du véritable jour
Et pour abandonner l’artificieuse lumière
Dont vous jouissez ici. Entendez mes prières,
Je vous libérerai de ce sinistre trou
Où vous êtes l’objet d’un éternel courroux. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: