samedi 10 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXVII)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXVII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Dès le jour suivant, le tailleur aux bons secours
M’acheta une cognée, une corde et un habit court,
Et, me recommandant à mes futurs confrères,
Les pria de m’être bons sans être sévères
Et me mener avec eux à cette forêt.
Au premier jour, bien que je ne fusse pas prêt,
Je revins avec un pesant fardeau de bois.
Je le vendis bien cher et j’en sentis le poids
Devenir soudain léger, quand je vis reluire
La demi-pièce d’or que j’entendis bruire
Dans ma bourse vide de vaillant travailleur
Et  rendis l’argent qu’il me devait au tailleur.

Une année passa. Je vivais de cette manière,
Un jour, dans un endroit charmant, plein de lumière,
J’allai et je me mis bientôt à bûcheronner,
Content de voir un doux soleil bien rayonner.
En arrachant une racine opiniâtre
D’un arbre épais que je voulais abattre,
J’aperçus un anneau de fer sous lui caché
Qui à une sombre trappe était attaché.
J’ôtai la terre qui la couvrait avec surprise,
La levai et vis deux escaliers qui conduisent
En bas. J’y descendis sans savoir où j’allais,
Et me trouvai soudain dans un vaste palais
Qui me causa une admiration profonde.
Comme la voile sur les paisibles ondes,
Par une magnifique galerie je m’avançais
Soutenue de colonnes de jaspe qu’enlaçait
Un or pur ; en voyant venir vers moi une dame
Qui était si noble et si belle que mon âme
Frissonna de la voir, j’oubliai où j’errais
Et son ineffable grâce à elle m’attirait.
Je ne voyais rien et ne voyais plus qu’elle.
N’ayant point oublié mes manières royales,
J’allai vers elle et lui fis respectueusement
Une révérence que majestueusement
Elle me rendit en me demandant : « Sire,
Etes-vous homme ou génie ? Qu’est-ce qui vous attire
Ici ? » « Madame, je suis homme et ne connais
Nul génie. » Répondis-je. Cette dame m’étonnait
Par sa beauté et par ses questions mystérieuses.
Elle reprit : « Par quelle aventure périlleuse
Vous trouvez-vous ici ? Car depuis vingt-cinq ans
Nul homme n’est venu en ces lieux. Par conséquent,
Vous êtes un génie ou un homme de prouesses. »
Sa grande beauté me donna de la hardiesse,
Je lui dis qui je suis, et l’étrange accident
Qui me fit voir ces lieux, fidèle confident.
Je lui dis aussi que cette prison merveilleuse,
Malgré toute sa beauté, devait être ennuyeuse.
Elle me répondit que j’avais bien raison,
Que dans ce gouffre elle ne savait point les saisons,
S’il fait jour ou s’il fait nuit, qu’elle est la captive
D’Épitimarus, roi de l’île d’Ébène qui prive
Cette beauté de sa précieuse liberté.
Elle m’ajouta aussi, avec sincérité,
– Chose qui me stupéfia – que plein de bassesse
Ce roi l’emprisonnait bien qu’elle fût la princesse
Et sa fille de sang, dans ce cachot somptueux,
Et qu’il était un père sombre et impétueux.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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