jeudi 8 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXVI)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXVI)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":



Content de cet asile, j’oubliai mon effroi.
Mais je n’avais plus la mine d’un fils de roi ;
Le soleil tanna ma peau, et ma chaussure
S’était usée, et à cause de ma blessure
Je marchais lentement, mes habits en lambeaux
Me donnant l’air d’un mort qui sortit du tombeau.
Quand j’entrai dans cette ville calme et magnifique,
J’allai à un tailleur, cherchant dans sa boutique
De nouveaux vêtements, et aussi à m’informer
Du lieu où j’étais. Par mon état alarmé,
Le tailleur me donna à manger et à boire
Et me demanda quelle était mon histoire.
Je ne lui en cachai rien, et sans précautions,
Je lui fis découvrir aussi ma condition.
Il m’écouta d’une manière attentive,
Surpris de mon maintien et de ma mine chétive,
Et me dit : « Gardez-vous bien, prince, de conter
Votre histoire, ou vos jours ici seront comptés.
Le roi de cette ville est l’ennemi de votre père,
Et pour ne rien vous cacher et être sincère,
Il vous arrivera sans doute quelque malheur
Plus effroyable que celui de ces voleurs
S’il sait qui est votre père et qui vous êtes. »
Il avait raison de trembler pour ma tête
Car quand il me nomma ce souverain sans pitié
Je le reconnus. Une forte inimitié
L’animait en effet depuis plusieurs années
Contre mon père, et nulle trêve n’était donnée
Pour calmer le courroux des deux rois ennemis.
Quand j’entendis ce qu’il m’annonça, je frémis
Et je remerciai cet homme pour sa bienveillance.
Le bon tailleur m’offrit même, avec vaillance
Et malgré le danger, un modeste logement
Que j’acceptai avec un grand soulagement.
Après quelques jours de repos nécessaire
Qui, grâce à mon hôte, sans périls passèrent,
Il me demanda si je savais quelque art
Ou un métier, pour vivre à l’abri des regards
Et dignement, sans être à la charge de personne.
Je lui répondis : « Ma connaissance est bonne
De l’histoire, et je suis poète et grammairien,
Et je sais aussi, pour ne vous cacher rien,
Ecrire mieux que les maîtres de la calligraphie. »
Il me répondit : « Mon ami, je vous confie
Que ces connaissances, dans ce royaume lointain,
Ne vous rapporteront pas un morceau de pain.
Mais vous me semblez fort.  A la forêt prochaine
Allez plutôt couper du bois ; c’est chose certaine,
Quand vous le vendrez, il vous rapportera assez
Pour n’avoir besoin de personne, et je sais
Où vous trouver une corde et une cognée
Si cette tâche par vous n’est pas dédaignée. »

[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: