mardi 6 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXIV)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXIV)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Le second calender dit à son hôtesse :
« Je vais vous conter, sans vous cacher ma tristesse,
L’histoire de ma vie, comme mon confrère fils de roi,
Et vous saurez comment j’ai perdu mon œil droit.
J’étais à peine hors de la frêle enfance,
Avec beaucoup d’esprit mais encor sans défense,
Remarquant que de lire j’avais la douce passion,
Le roi mon père chargea de la grave mission
De m’instruire, mille tuteurs qu’il désigna lui-même.
J’appris le Coran que pour porter le diadème
Tout bon prince se doit de lire sans erreur,
Je lus les ouvrages de ses grands commentateurs
Et j’appris les hadiths de notre prophète,
Je lus également nos meilleurs poètes
Et appris la langue, la versification
Et la géographie, l’histoire, la tradition,
Sans négliger tous les belliqueux exercices
Qu’un prince doit savoir, et les artifices
De la politique et des éloquents discours.
Mais il y avait une chose qu’avec beaucoup d’amour
Je faisais, et c’était former les caractères
De notre langue arabe. De cet art nul mystère
Ne m’était caché ; en peu de temps je parvins
A surpasser tous les maîtres écrivains
De notre royaume, à la radieuse renommée.
Jusqu’à la cour des Indes la mienne fut semée,
Et cette réputation m’attira des faveurs
Au point de rendre des rois jaloux et rêveurs.
Leur monarque avec des présents formidables
Qui était riches, nombreux et considérables,
Envoya à mon père un haut ambassadeur.
Mon père fut ravi de cet illustre honneur
Et de me voir aller à une cour étrangère.
Son amitié avec ce roi était légère
Et il voulait aussi en faire son allié ;
Il m’envoya donc à sa cour, sans oublier
De me charger de cent richesses diverses
De notre royaume et du royaume de Perse.
Avec l’ambassadeur j’allai en quelques jours,
Des chemins il savait sans doute tous les détours
Et les endroits les plus dangereux, mais ce voyage
Etait difficile et requérait du courage.
Après un mois de marche, nous vîmes alarmés
Un nuage de poussière ; des brigands bien armés
Qu’appesantissaient leurs sabres et leurs lances
Et qui poussaient d’affreux cris pleins de violence,
En parurent. C’étaient de sinistres voleurs
Dont l’arrivée laissait prévoir un grand malheur
Car ils surpassaient en nombre tous nos gardes
Qui les virent, preux pourtant, avec une mine hagarde.

[A SUIVRE]

 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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