samedi 3 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXII)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Le roi fondit en pleurs en achevant ces paroles
Et en contemplant son fils que Dieu immole,
Je pleurai avec lui ses deux fils trépassés
Et que leur père aimant ne pouvait embrasser.
Quelques moments après, ce malheureux père
Jeta les yeux sur moi et me dit : « J’espère
Que vous serez pour moi un fils bon et loyal
Qui saura préserver mon honneur royal.
Il est vrai, hélas, que je perds un fils indigne,
Mais le ciel me fait en vous une grâce insigne,
Et vous occuperez la place qu’il occupait. »
Quand il acheva ces mots que la tristesse coupait
Et ses soupirs rendaient encore plus sombres,
Nous remontâmes par le même escalier dans l’ombre
Et sortîmes enfin de ces bien sinistres lieux.
Pour cacher une colère si terrible de Dieu,
Nous enterrâmes ce tombeau et ses mystères
Et nous le couvrîmes de débris et de terre.

Il était encore nuit, et à notre retour
Un bruit de trompettes, de timbales, de tambours
Et d’instruments guerriers, nous emplit d’inquiétude.
Quelque temps après, nous eûmes la certitude
Que c’était une épaisse armée qui envahit
Fort vite le palais et assiégea le pays.
A la tête de ces troupes hardies et innombrables
C’était, nous apprit-on, le vizir misérable.
– Le même qui usurpa à mon père le pouvoir –
Et dont la belliqueuse venue nous fit savoir
Qu’il voulait détrôner mon oncle comme son frère.
Ses preux gardes du mieux qu’ils purent leur résistèrent
Et furent tous bientôt vaincus et massacrés.
Quand mon oncle le vit au palais pénétrer
Il se défendit et fut tué comme ses gardes.
Je combattis quelque temps ; cette troupe pillarde
Grandissait de plus en plus, et il me fallait
Pour sauver ma vie, fuir ce dangereux palais.
Chez un officier dont la foi m’était certaine,
Je me cachai de la destinée hautaine
Pour pleurer la perte de tant d’êtres aussi chers,
Pareil à un esclave accablé de ses fers,
Sans cesse persécuté par la sombre infortune,
Je partis loin de la ville par une nuit sans lune,
Me fis raser la barbe et les sourcils, et pris
L’habit de calender ; par les douleurs maigri,
Je quittai, sans être vu, cette sinistre ville,
Loin de tous ses tourments cherchant un asile.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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