mercredi 30 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXI)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXI)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Au lieu de s’affliger de ce spectacle horrible,
Le roi se courrouça et prit un air terrible,
Cracha au visage de son fils incinéré
Et lui dit, indigné : « Tu meurs déshonoré,
Dieu, qui est de toutes les créatures le maître,
Te châtie dans ce monde et aussi dans l’autre
Où l’enfer consumera ta chair éternellement. »
Ne se contentant pas de maudire cruellement
Son fils mort, surpris, je vis ce père farouche
Sur sa joue donner un grand coup de sa pabouche,
Ce qui emplit mon cœur d’horreur et d’étonnement.
Je dis au roi : « Sire, quel que soit l’évènement
Qui soit à l’origine de votre colère,
Je ne vois pas comment il a pu vous déplaire
Pour que vous maltraitiez votre fils mort ainsi. »
« Mon neveu, répondit-il, vous voyez ici
Un fils indigne de porter mon nom encore
Qui, qu’il soit vivant ou mort, me déshonore.
Dès ses premières années, ce monstre aima sa sœur
Qui l’aima et eut pour lui les mêmes douceurs.
Ne désapprouvant point leur amitié naissante,
J’ignorais que sa sœur était son amante
Quand, un jour, je surpris mon fils qui embrassait
Avec ferveur sa sœur qui, elle, le caressait.
Je réprimandai d’une manière fort sévère
Et la sœur coupable, et le coupable frère,
En leur représentant l’horreur de cette passion
Et que Dieu ne pouvait bénir leur relation
Qui s’opposait à toutes les lois de la nature
Et les exposait aux éternelles tortures,
Et leur expliquai que cet amour criminel
Couvrirait leur famille d’un opprobre éternel.
Horrifié comme tout père par ce noir spectacle,
Je mis entre les deux amants mille obstacles
Et j’enfermai chacun dans son appartement.
La sœur, révoltée sans doute par cet isolement,
But du poison et en faillit être morte.
Son frère, sûr d’être aimé d’une farouche sorte,
Fit bâtir ce tombeau où nous sommes maintenant.
Il enleva, un jour, sa sœur en l’y amenant
Et, pour jouir de l’objet de sa flamme sombre,
Emplit de provisions ces lieux emplis d’ombre.
Mais Dieu n’a pas souffert cette abomination
Et leur a infligés tous deux cette punition. »

[A SUIVRE]

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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