jeudi 3 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (IX)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie IX)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Giafar frappa à la porte et Sofie ouvrit.
Comme Haroun et Mesrour de sa beauté surpris,
Il contempla, à la clarté de sa bougie,
Sa belle taille et ses joues par le vin rougies.
Il la salua et d’un air respectueux
Et qui en même temps était majestueux
Lui dit : « Nous passons par votre capitale
Et bien fatigués, nous sommes aussi bien pâles,
Et je ne vous cache point que nous somme un peu soûls.
Nous sommes, madame, trois marchands de Mossoul
Arrivés avec de riches marchandises.
De ne point les voir ne soyez pas surprise,
Elles sont en magasin, à l’abri des voleurs,
Cachées dans notre khan, et ont grande valeur.
Reçus aujourd’hui chez un marchand de cette ville
D’une manière aussi joviale que civile,
D’une bonne collation il nous a bien régalés
Et d’un vin que rien ne peut égaler,
En nous faisant venir de belles danseuses.
Or, farouche ennemi de notre humeur joyeuse,
Un guet a passé au milieu de ce festin.
Quelques-uns ont été arrêtés. Le destin
Nous a été heureux. Fuyant leurs représailles,
Nous nous sommes sauvés par-dessus une muraille
Et nous craignons encore d’en être poursuivis.
En passant ici, nous avons été ravis
De vous ouïr. Ne souffrez point qu’on nous arrête,
Nous vous supplions de nous donner retraite
Jusqu’au lever du jour, et de participer
A vos divertissements pour pouvoir échapper
A ces brutes, de notre plaisir sombres ennemies. »
Sofie examina les trois physionomies
De ces gens, et trouva leurs airs bien supérieurs
A celui de simples marchands. A des seigneurs
Ils ressemblaient. « Je ne suis pas la maîtresse,
Leur dit-elle. Attendez un peu, je me presse
De vous apporter la réponse et je reviens. »
Amine et Zobéide hésitèrent, cette fois, bien
Avant de consentir à faire la même grâce
A ces marchands. Mais la charité s’embarrasse
De peu de prétextes, et le vin rend clément.
Elles se résolurent, après quelques moments,
A les laisser entrer et, âmes hospitalières,
Furent touchées par leurs ardentes prières
Et accueillirent, sans que ce ne fût leur désir,
Le Calife, le garde et le premier vizir.

[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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