mercredi 2 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (VIII)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie VIII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 

Quand des trois calenders il ouït les paroles,
Le porteur, à moitié endormi, d’une voix molle
Leur répondit : « De quoi parlez-vous donc, messieurs ?
Asseyez-vous là et demeurez silencieux,
Et comme vous n’obligez pas tout le monde à vivre. »
« Sire, dit celui qui parla au porteur ivre,
Si vous vous fâchez nous serons bien affligés
Et nous ne prétendons nullement vous obliger
Comme vous le pensez, à vivre à notre mode. »
Sofie leur prépara un endroit commode
Et, assis à table, leur servit à manger
Et, pour voir si le vin leur était étranger,
A boire aussi. Ils burent un peu et mangèrent
Et proposèrent à leurs hôtesses belles et légères,
Si elles avaient des luths, de donner un concert
Pour les égayer et leur chanter de bons vers.
Elles acceptèrent cette offre avec joie, et Amine
Alla chercher un luth, enjouée et gamine,
Qu’elle apporta avec une flûte et un tambour.
Ils prirent un instrument chacun, et en retour
Du bon dîner, chantèrent une mélodie joyeuse
Qu’ils accompagnèrent de leurs voix harmonieuses.
Les dames s’en égayèrent et le porteur aussi,
L’air, que tous connaissaient, était si réussi
Qu’il fit rire, danser et chanter l’assemblée
Réunie dans cette belle demeure en emblée.
Soudain et au plus fort de ce divertissement
Ils entendirent à la porte frapper doucement.

Sire, dit en cet endroit la belle Schéhérazade,
En ces temps le calife Haroun en nomade
Se déguisait, et fort souvent la nuit sortait.
Nul ne devinait que le Calife portait
Un habit de marchand ou de vieilles hardes.
Cette nuit, avec Mesrour, son fidèle garde,
Et son premier vizir qui s’appelait Giafar,
Tous les trois déguisés en voyageurs blafards
Passaient par hasard près de cette demeure bruyante
Où les cris d’une joie si peu clairvoyante
Retentissaient, et où ils entendirent, surpris,
Comme s’ils venaient d’hommes ayant perdu l’esprit,
Des éclats de rire. « Frappez à cette porte,
Ordonna Haroun. « L’heure est indue. » « Peu importe,
Répondit-il à son vizir. Je veux savoir
Pourquoi on rit ainsi, et c’est votre devoir
D’obéir à tous les ordres que je vous donne.
Frappez donc à cette porte, je vous l’ordonne. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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