dimanche 27 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XX)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XX)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":

Je le remerciai de cette grâce et m’en allai,
Éploré, loin de mon royaume et du palais
En maudissant de ce vizir la traitrise
Et la criminelle et audacieuse entreprise.
Je me reposai le jour et marchai la nuit,
Fatigué et l’œil en sang. Malgré mes ennuis,
J’arrivai en quelques jours à la capitale
De mon oncle, et lui dis la nouvelle fatale.
« Ô, Seigneur ! S’écria le père malheureux,
J’ai perdu un fils qui était noble et preux,
Et vous m’apprenez que j’ai perdu un frère !
Je suis le plus triste des rois et des pères ! »
Et il pleurait en me parlant et m’embrassant.
Il donna l’ordre de soigner mon œil en sang,
Et je ne pus garder, en voyant sa tristesse,
Le serment que je fis. Je luis dis, chère hôtesse,
Tout ce que je savais, sans rien lui en cacher.
D’entendre ce récit il ne fut point fâché
Et il le consola, malgré sa détresse.
« Cher neveu, me dit-il, l’espoir me caresse
Car je sus que mon fils fit bâtir ce tombeau.
Votre souvenir et le mien seront les flambeaux
Qui nous éclaireront sur ce sombre mystère.
Avec l’aide de Dieu, nous trouverons où il s’enterre
Avec cette dame dont vous m’avez parlé.
Je prétends, cette nuit même, avec vous aller
Chercher mon fils, et nous cacherons l’affaire
Et je vous éviterai ainsi de lui déplaire
A cause du serment qu’il exigea de vous. »
En me parlant le roi me cacha son courroux
Et la raison qui le fit agir de la sorte.
Nous nous déguisâmes et sortîmes par une porte
Du jardin. Nous fûmes enfin assez heureux
Pour trouver le tombeau où les deux amoureux
Devaient être voilés par l’ombre colossale.
Nous descendîmes et nous atteignîmes une salle
Pleine d’une lourde fumée et d’une mauvaise odeur.
Dans une autre salle qu’éclairaient les lueurs
De plusieurs lustres, nous passâmes et nous vîmes
Des provisions de bouche rangées dans cet abîme.
A notre surprise, les lieux étaient déserts ;
Le roi vit des rideaux, et les ayant ouverts
Découvrit son fils et la dame couchés ensemble,
Mais – ô, spectacle dont mon cœur encor tremble ! –
Embrasés et changés en charbons tous les deux,
Cadavres consumés par les flammes, noirs, hideux.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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