vendredi 25 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XIX)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XIX)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


De retour à la ville de mon père, étonné,
Je fus d’une garde épaisse environné
Et je vis la porte de son palais fermée.
Un officier, prenant la parole, me dit : « L’armée
A décidé, en votre absence, de choisir
Au lieu de votre père, pour roi son grand vizir,
Et il est désormais notre roi légitime. »
On m’arrêta comme si j’avais commis un crime
Et je fus amené devant mon noir tyran.
Mon étonnement et ma douleur furent grands
Mais je savais déjà que ce vizir rebelle
Avait pour moi une haine sombre et éternelle.
Quand j’étais encore jeune, j’aimais à tirer
De l’arbalète. Un jour, je me plus à mirer
Du haut du palais un oiseau, mais la balle
A ce vizir causa une blessure mâle
En allant se loger, furieuse, dans son œil droit.
Quand j’appris ce malheur, avec mon père le roi
J’allai présenter au vizir des excuses
En le priant de me pardonner ma sottise.
Mais il garda pour moi un vif ressentiment
Et me punit, après son forfait, cruellement.
La colère l’aveuglant et le rendant blême,
Il me creva l’œil droit et l’arracha lui-même
En y enfonçant ses doigts. Je devins, ainsi,
Borgne tel que vous me voyez, madame, ici.
Mais cet usurpateur était sans clémence
Et rien n’adoucissait sa colère immense ;
Trouvant sans doute ce châtiment trop léger,
Il avait un autre, mortel, à m’infliger.
Il me fit enfermer dans une sombre caisse
Et ordonna à son bourreau : « Qu’on le laisse
Aux aigles affamés dont il sera le repas,
Et qu’on coupe la tête à leur royal appât
Pour qu’ils s’en délectent. » Fidèles à leur maître,
Le bourreau m’emmena, avec un autre traître,
Enfermé dans la caisse, et monta à cheval.
Ils arrivèrent tous les deux à un lointain val
Et me sortirent de la caisse, plein d’alarmes.
Je les émus par mes prières et mes larmes
Si bien que le bourreau me dit fort doucement :
« Allez-vous-en. Quittez le royaume promptement.
Si vous revenez, ma tête tombera la première
Et la fureur du roi vous sera meurtrière. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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