samedi 19 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XVI)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XVI)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
L’un des trois calenders répondit sombrement:
« Nous ne sommes frères que par un commun tourment
Et en qualité de calenders que nous sommes.
Nous errons tous et nous vivons loin des hommes
Et nous sommes tous borgnes à cause du même malheur.
Après une aventure étrange, avec pâleur
Nous nous fîmes raser les sourcils et la barbe.
Sachez que nous ne sommes point des mendiants fourbes
Et pour vous espionner venus en cet endroit.
Apprenez, madame, que nous sommes fils de roi
Qui sont tous illustres et font du bruit dans le monde. »
La surprise de la belle hôtesse fut profonde
Quand elle entendit ce sombre et fier discours,
Et elle arrêta son esclave. Comme le jour
Paraissait, Schéhérazade garda le silence.

Elle reprit : « La dame dit : Ne faites point de violence
A ceux qui raconteront leur histoire aussi
Et vous diront ce qui les a amenés ici,
Et laissez-les partir. Ceux qui vont se taire
Ou pour quelque raison nous voiler ce mystère
Mériteront, quant à eux, leur juste châtiment. »
Le porteur, ayant ouï ce discours alarmant,
Prit la parole et dit : « Madame, mon histoire
Vous la connaissez. Quand la nuit devint noire,
J’ai voulu demeurer chez vous, et votre sœur
De m’être propice et bonne a eu la douceur.
Je ne suis qu’un humble porteur qui toujours erre
Et qui porte tous les fardeaux de la Terre.
Jusqu’à votre demeure conduit par le destin,
J’ai cru en vous voyant qu’il était moins hautain,
Mais je vois que toujours l’infortune me guette »
« Tu es libre, va-t’en et sauve ta tête,
Dit Zobéide, et que nous ne te voyons plus. »
Le bon porteur reprit : « A ces seigneurs il plut
D’entendre mon histoire ; souffre que je reste
Pour entendre la leur. » Et il alla, preste,
Prendre place sur un bout du sofa, fort joyeux
De voir le sourire remonter à ses yeux
Comme le soleil monte dans les nuées claires.
Un des trois calenders, voulant aussi plaire
A Zobéide, prit la parole et lui dit :
« Cet ignorant disait que nous étions maudits,
Mais ce n’est point vrai. Et je vais vous apprendre
Pourquoi j’ai perdu mon œil et suis allé prendre
L’habit de calender que je porte aujourd’hui,
A ce triste état où vous me voyez réduit. »

[A SUIVRE]
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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