vendredi 18 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XV)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XIV)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":

La frayeur du calife Haroun fut extrême,
Et en voyant ces hommes noirs il devint blême,
Se repentant de ne pas avoir entendu
Son sage vizir, et de lui avoir défendu
De lui parler, d’une manière aussi sévère.
Mais tous ces remords qui emplirent son âme amère
Etaient trop tardifs pour sauver d’un sombre sort
Les convives qui se préparaient à la mort
En disant les dernières paroles solennelles.
Avant de consommer son action criminelle,
Un esclave, qui allait porter le fatal coup,
Dit à Zobéide : « Doit-on leur couper le cou ?
Que commandez-vous, hautes et puissantes maîtresses ? »
« Je veux interroger d’abord ces âmes traîtresses
Sur ce projet hardi qu’elles avaient conçu. »
« Dans votre belle demeure vous m’avez bien reçu,
Interrompit le pauvre porteur. Ma douce dame,
Je vous jure sur le salut de mon âme
Que ces hommes sont coupables et je suis innocent.
Pourquoi dois-je payer pour leur crime de mon sang ?
Hélas ! Continua-t-il en pleurant, ces hommes
Sont la cause de ce malheur où nous sommes,
Ils sont borgnes et l’œil ne les voit pas sans horreur,
Et je les crois maudits et ils m’emplissent de terreur.
Ô, madame, pardonnez à un misérable,
Que votre compassion me soit secourable,
Que je ne succombe point à votre courroux,
Soyez douce, puisque vos yeux sont aussi doux. »
Zobéide rit en elle-même malgré sa colère,
Et ces propos n’étaient point pour lui déplaire.
S’adressant aux autres hôtes une deuxième fois,
Elle leur dit : « Je juge par votre manque de foi
Que vous êtes sans rang dans vos contrées natales.
Votre curiosité va vous être fatale
Car vous n’avez point su sagement la dompter,
Et vos soupirs, messieurs, vous sont désormais comptés. »
Le Calife s’irritait de voir que sa vie
Par une dame en colère allait être ravie,
Et il allait lui dire qui il était vraiment.
Ce qu’il demanda à son vizir qui fièrement
Rejeta cet avis pour l’honneur de son maître.
« Le Calife ne peut mourir comme un traître. »
Murmura-t-il, à son maître resté loyal,
Et songeant, avant la vie, à l’honneur royal.
Zobéide demanda aux calenders, fière,
Pourquoi ils étaient borgnes et s’ils étaient frères,
Et elle leur dit : « Puisque vous êtes aussi curieux
Tout en étant cent fois plus que nous mystérieux,
Et puisque vous venez chez nous comme hôtes,
Nous sommes en droit de vous demander qui vous êtes. »

[A SUIVRE]



Par: Mphamed Yosri Ben Hemdène

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