mercredi 16 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XIV)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XIV)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Bien que ce conseil fût judicieux et très sage,
Le Calife le rejeta, imposant avec rage
Silence à son vizir, en lui disant rêchement
Qu’il prétendait avoir tous les éclaircissements
Sans craindre de fâcher ces mystérieuses dames
Et sans plus retarder son souhait, à l’heure même.
Or il fallait savoir qui, hardi, parlerait
Aux trois dames, et qui le premier les courroucerait.
Les trois calenders, eux, à voix basse s’excusèrent ;
Le calife et les autres invités causèrent
Et pour porte-parole choisirent le porteur.
Les ayant entendus parler avec chaleur,
Quand elle eut secouru sa sœur, leur hôtesse
S’approcha d’eux et leur dit : « Qu’est-ce qui vous presse ?
De quoi devisez-vous avec autant de bruit ? »
Le porteur, qui prit la parole, dit : « Cette nuit
Nous avons vu, madame, beaucoup de prodiges.
Vous poser ces questions autant que vous m’afflige,
Mais ces hommes m’ont chargé de le faire pour eux
Et ils vous interrogent sur votre air malheureux
Après avoir pourtant châtié ces chiennes sombres,
Et d’où viennent des coups de fouet les ombres
Sur le sein de votre belle sœur, pourtant blanc. 
C’est ce que ces seigneurs, reprit-il en tremblant,
Me chargent de vous dire. » Levant sa tête altière,
Zobéide à ces mots devint soudain fière
Et, s’adressant à la compagnie, dit : « J’aimerais
Savoir si ce que dit cet homme est bien vrai.
L’avez-vous chargé de faire cette demande ? »
Ils répondirent tous que oui. « Ma surprise est grande,
Ajouta-t-elle, et je vous trouve bien insolents.
Vous avez pourtant fait un serment qu’en violant
Vous vous exposez à ma juste colère.
Mais vous devez ne point craindre de nous déplaire,
Vous nous croyez seules et contraintes à vous parler.
Nous vous avons pourtant réjouis et régalés,
Mais tout ce vin vous est monté à la tête
Car votre procédé est sombre et malhonnête. »
Ses paroles achevées, elle frappa fortement
Trois fois des pieds et des mains, et au même moment
Une porte s’ouvrit et sept esclaves noirs parurent,
Robustes et puissants et vêtus de riches parures,
Et se saisirent des sept hôtes, le sabre à la main,
Aussi facilement que s’ils étaient des nains,
Les jetèrent par terre, et se préparèrent
A leur couper la tête, quand ils les tirèrent
Au milieu de la salle comme de frêles animaux
Qu’ils allaient sacrifier, insensibles à leurs maux.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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