samedi 12 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XIII)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XIII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
L’étonnement du calife Haroun devint plus grand
De la réponse des trois calenders errants,
Et il demanda au porteur d’une voix basse
S’il sait ce qui dans cette demeure se passe,
Pourquoi on y fouette des chiennes, et ce beau sein
De toutes ces balafres a le cruel dessin.
« Seigneur, répondit-il, je suis de cette ville,
Mais j’y exerce, hélas, une profession trop vile
Pour être des secrets de telles dames informé.
De tous ces mystères comme vous je suis alarmé
Et je suis surpris de ne voir aucuns hommes
Hormis nous, dans cette demeure où nous sommes
Tenir compagnie à ces si rares beautés. »
Brûlant toujours de la même curiosité,
Il était résolu à la satisfaire,
Et le Calife dit aux autres : « Déplaire
A ces dames m’importe peu. Elles ne sont que trois
Et nous sommes sept hommes. N’ayons donc nul effroi
De les obliger à révéler leurs mystères,
Et si pourtant elles s’obstinent à les taire
Nous les contraindrons, sires, à nous les avouer. »
Cet avis ne fut pas du grand vizir loué
Et au calife il en fit voir les conséquences
Qu’il lui représenta avec éloquence
En se faisant toujours passer pour un marchand.
« Sire, je serai de peu de foi en vous cachant
Mon sentiment sur cette véhémente entreprise,
Lui dit-il, et vous m’en voyez plein de surprise
Car en entrant ici nous avons accepté
De ne leur demander rien, et de respecter
Les secrets que ces dames ne veulent point nous dire.
Songez-y encore une fois, que serons-nous, sire,
Si nous faisons violence à plus faible que nous ? »
Le vizir avait l’air de prier à genoux
L’ardent Calife en lui adressant ces paroles,
Et s’efforçait en même temps de jouer son rôle.
Il le tira à part, et lui parlant tout bas :
« Majesté, poursuivit-il, ne nous hâtons pas,
Nous ignorons quels noirs secrets ces dames nous voilent.
Le soleil éclaire bien mieux que les étoiles ;
Le jour se lèvera bientôt, et je viendrai
Moi-même avec des gardes, au matin, et prendrai
Ces dames que j’amènerai devant votre trône.
Elles vous diront tous ces mystères qui vous étonnent
Et en quelques heures se feront un devoir
De vous dire tout ce que vous voulez savoir. » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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