jeudi 10 avril 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XII)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Zobéide demeura sur son siège quelque temps,
Se reposant de sa fatigue en fouettant
Les deux chiennes noires avec toute son énergie
Et par le grand effort qu’elle fit les joues rougies.
La belle Amine vint et lui dit doucement :
« Je pense, ma chère sœur, que c’est le moment
Propice pour qu’à mon tour je joue mon personnage. »
Zobéide dit que oui, et elle alla, sage
Et les pas lourds, à droite du Calife s’asseoir.
Silencieuse après ce qu’elle venait de voir,
L’assemblée attendait, curieuse et impatiente,
Le nouveau spectacle. Coupant son attente,
Amine dit à Sofie : « Ma chère sœur, levez-vous,
Vous savez ce qu’il faut faire. » D’un air calme et doux,
Elle le fit et revint en un moment, alerte,
En tenant un étui relevé de soie verte
Et d’une riche broderie d’or, de satin jaune garni.
Tirant un luth que le temps n’avait point terni
Et qu’elle présenta à la belle Amine,
Elle le prit, l’accorda, et d’une belle voix chagrine
Chanta une chanson sur les amoureux tourments
D’une manière fervente et avec tant d’agrément
Que sa douce voix charma toutes les oreilles
A la voix des antiques  sirènes pareille.
Quand elle eut achevé son long chant passionné,
Elle remit le luth qu’elle lui avait donné
A sa sœur, et lui dit : « Ma chère, chante à ma place
Car la voix me manque et je suis devenue lasse. »
Sofie prit le luth et elle chanta à son tour
Un chant mélancolique à l’éternel amour,
Ce qu’elle fit avec tant de véhémence
Qu’elle pleurait vivement en finissant sa romance
Et, sentant le besoin de respirer un peu,
Les yeux humides de larmes et la gorge en feu,
Elle se donna de l’air. L’assemblée spectatrice
Vit avec horreur son sein plein de cicatrices.
Elle s’évanouit au même moment, et ses deux sœurs
Coururent à son secours. « Ce sont d’étranges mœurs,
Murmura un des trois calenders. Dans l’étable,
Ou à l’air, il eût sans doute été préférable
De coucher, plutôt que de venir en ces lieux. »
Le Calife l’entendit et s’approcha, curieux,
Des calenders et leur dit : « Ces spectacles étranges
Me fascinent et, je ne vous le dis, me dérangent
Car j’en ignore le secret. Êtes-vous d’ici ?
Qu’est-ce que ces chiennes ? Que signifie tout ceci ? »
Un d’eux lui répondit : « Mon seigneur, on l’ignore,
Et comme vous nous n’en savons rien encore,
A cette porte nous avons aussi frappé,
Du même mystère tout est pour nous enveloppé,
Et nous ne pouvons, sire, rien vous apprendre
Sur ce que vous venez de voir et d’entendre.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: