Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XI)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Le porteur revint,
de deux chiennes sombres suivi,
Attachées à une
chaîne. Toute l’assemblée vit
De coups de fouet
sur elles les sinistres traces,
Pauvres créatures
que leurs fers embarrassent.
Le porteur,
suivant les commandements des sœurs,
S’avança au milieu
de la salle, le cœur
Serré à cause de
leur état pitoyable.
Zobéide vint et
dit : « Il m’est désagréable
De faire ceci,
mais c’est là notre devoir. »
Elle se retroussa,
de sorte qu’on pouvait voir
La blancheur de sa
chair tendre et sensuelle,
Les bras jusqu’au
coude, et elle prit, cruelle,
Le fouet qu’Amine
lui présenta. « Porteur,
Dit-elle avec une
noble et étrange hauteur,
Remettez à ma sœur
Amine une de ces chiennes
Et amenez-moi
l’autre, et que vos bras la tiennent. »
Le porteur le fit.
De Zobéide approché,
La chienne qu’il
tenait, le front tristement penché,
Poussait des cris
d’une manière suppliante.
Mais sans écouter
ses plaintes déchirantes,
Zobéide lui donna
mille coups de fouet
Dont elle
ensanglanta son dos rouge à souhait.
Quand cette punition l’eut enfin épuisée,
Elle et la chienne
se regardèrent, brisées,
Et pleurèrent
l’une et l’autre. Elle tira son mouchoir
Et essuya les
pleurs qu’elle avait laissé choir
Ainsi que les
larmes de la chienne fouettée.
Elle la baisa et
la remit, ensanglantée,
Au porteur à qui
elle dit de faire venir
L’autre chienne
qu’elle allait comme sa sœur punir.
Elle la maltraita
de la même manière,
Sans s’émouvoir de
ses muettes prières,
La baisa elle
aussi et pleura amèrement.
Les invités furent surpris de ces tourments
Et de l’exécution
cruelle qu’ils virent.
Après tant de
choses qui les ravirent,
Ils ne comprenaient
point pourquoi cette femme pleurait
Et baisa ces
chiennes que pourtant elle torturait.
Le Calife surtout,
plus impatient que les autres,
De sa curiosité
peinait à rester maître,
Voulant comprendre
ce châtiment mystérieux.
Il fit à son vizir
mille signes curieux
Pour qu’il s’en
informât. Mais le vizir, plus sage,
Feignit de ne
point le voir, tournant le visage
De l’autre côté de
la salle. Il fut pressé
Tant de fois par
Haroun qu’il lui dit, lassé,
Par d’autres
signes, qu’il ne pouvait satisfaire
Sa curiosité, car
il craignait de déplaire
Aux trois hôtesses
après le serment solennel
Qu’ils leur firent
d’être des spectateurs éternels
Et de ne point poser
de questions malvenues,
Et se tut, malgré
ses signes, avec retenue.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
lundi 7 avril 2014
Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XI)
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