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lundi 17 mai 2021

Quand le Seigneur aime l’un de ses serviteurs

 Quand le seigneur aime l'un de ses serviteurs

Le Très Miséricordieux fera aimer ceux qui ont cru et fait le bien. (Coran, 19, 96)

Le Prophète une fois dit à ses auditeurs :
« Quand le Seigneur aime l’un de ses serviteurs,
Il dit à Gabriel : “ J’aime un tel (il le nomme),
Et comme moi tu vas aimer cet homme.”
Gabriel l’aime et dit aux habitants du ciel :
“Aimez un tel, qui est aimé de l’Éternel.”
Alors on l’aime au ciel ainsi que sur la terre.
Quand le Seigneur exècre un homme, sévère,
Il dit, après avoir appelé Gabriel :
“Sache (il le nomme) que j’ai exécré un tel,
Et tu l’exécreras.” Gabriel l’exècre
Et dit aux habitants du ciel : “Notre Maître
Exècre un tel, et vous aussi l’exécrerez.”
Et cet homme est sur terre et au ciel abhorré. »


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

samedi 8 août 2020

Re-Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge

RE-Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge


D’après le poème  « Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge » de Jean Vauquelin de La Fresnaye (1535-1607) duquel je ne garde ici que la première strophe


Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge,
D'amasser sur mon chef péchés dessus péchés,
Des dons que tu m'avais dedans l'âme cachés,
Plaisant, je m'en servais à mon désavantage.

Loin de toi je marchais, à mon insu dans l'ombre,
Et mon âme s'usait comme un vieux vêtement
Dans les vains plaisirs et les vains enchantements,
Infinis et pareils à des néants sombres.

J'étais impétueux, Seigneur, comme un orage,
(Nos mauvaises actions nous pétrifient le cœur),
Vaincu par mes vices, je me croyais vainqueur,
Et des oasis je croyais mes mirages.

Ma jeunesse, pareille au char de l'Aurore,
Passait rapidement dans des torrent nombreux,
Mes heures s'envolaient et j'en étais heureux...
En tremblant, de ces temps je me souviens encore.

Dans les délices je détruisais mon âme
Et dans les voluptés je me brisais le corps,
Le vague étourdissement qui saisit les plus forts
S'emparait de moi comme une immense flamme ! 

Mais tu m'as ramené vers toi, dans ta clémence
Pareil, Seigneur, au vent doux qui ramène au port
Le vaisseau tourmenté par l'orage et la mort
Et qui errait sans fin dans la mer immense.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mardi 10 octobre 2017

Conte: Le brave musicien (Partie III)

CONTE: LE BRAVE MUSICIEN (PARTIE IiI)



III. Comment le musicien parvint à conquérir le trésor

Le musicien allume un feu et fait sa soupe,
Il prend aussi quelques légumes et les coupe,
Et tandis qu’elle bout reprend tranquillement
Sa flûte à ses côtés, qui l’attend fidèlement.
Les lentilles cuites, dans une grande assiette
Il les verse et mange sans avoir l’âme inquiète.
Soudain la porte s’ouvre avec un bruit de deuil,
Sur une civière portant un grand cercueil,
Deux hommes entrent, et ils déposent sans rien dire
Leur fardeau sur une table et se retirent.
Le musicien se lève, il l’ouvre et il y voit
Un vieil homme ridé et dur comme du bois,
Avec une longue barbe et des cheveux blancs,
Le visage très pâle et les membres tremblants,
Qui est toujours vivant ! Le musicien s’étonne,
Le prend par le bras, le fait s’asseoir et lui donne
Un peu de sa soupe. Le vieillard ravivé
Lui dit : « Merci, jeune mortel. Tu m’as sauvé.
Suis-moi. » Le musicien, avec sa lanterne,
Le suit ; ils descendent des escaliers mornes
Jusqu’à un ténébreux et profond souterrain.
Le vieillard s’arrête comme un spectre d’airain
Devant un grand monceau d’argent, devenu plus pâle.
« Divise ce trésor en deux parts égales,
Parfaitement égales, dit-il au musicien,
Ou tu perdras la vie et tu n’auras rien. »
Le musicien compte les écus, les divise
En deux monceaux égaux. Mais une pièce grise
Est de trop. Il la prend alors par le milieu
Et avec son couteau la brise. Pour le vieux
Il met une moitié, une autre pour lui-même.
Le vieillard lui sourit, son front n’est plus blême,
Et dit : « Je suis sauvé ! depuis cent ans je garde
Mon fatal trésor. Tous ceux qui se hasardent
A venir veulent tout prendre. Prends la moitié
De cet argent qui m’a rendu sans pitié,
Et donne ce qui reste aux pauvres sans familles. 
Sois généreux comme pour ta soupe aux lentilles. »
Le vieillard disparaît, et le musicien prend
Sa moitié, donne l’autre aux mendiants errants,
Se fait construire une grande maison fort belle
Et vit heureux, la main pleine et le cœur fidèle.

[FIN DU CONTE: LE BRAVE MUSICIEN]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

vendredi 6 octobre 2017

Conte: Le brave musicien (Partie II)

CONTE: LE BRAVE MUSICIEN (PARTIE iI)


II. Ce que fit le brave musicien au château

Le musicien dit au vieillard : « Merci, grand-père.
Je n’ai peur d’aucun spectre errant, et j’espère
Que je pourrai trouver tous ces rares trésors
Et à tous les pauvres gens donner de l’or. »
En vain le vieux fermier, avec des raisons sages,
Tenta de l’empêcher et fléchir son courage ;
Le musicien pria seulement le fermier
Qui n’avait pas besoin de se faire prier,
De lui prêter pour la nuit deux valets de ferme
Avec deux lanternes, ces deux seules armes
Pour le guider dans la rêveuse obscurité.
Arrivé au château, pour leur sécurité
Il congédia les deux domestiques fidèles,
Prit une lanterne et, éclairé par elle,
Franchit courageusement le seuil du grand château.
Il monta au premier étage, et bientôt
Se trouva dans une grande salle déserte
Dont la porte était, ô surprise ! grande ouverte.
Il se mit à jouer de la flûte et rêvait.
Le vieillard l’entendit d’en bas, ce qui prouvait
Qu’il vivait encore. Mais bientôt, grand silence !
Le bon fermier en est bien triste, et il pense
Avec inquiétude que notre musicien
Est la proie de quelque sorcier ou spectre ancien.
Or non. Le musicien a faim ; il regarde
A droite et à gauche, et enfin se hasarde
A aller et chercher quelque chose à manger,
Sans penser aux spectres et aux autres dangers.
Il découvre, dans la chambre voisine,
Une casserole pleine pour qu’on dîne,
Semble-t-il, de bonnes lentilles, et du pain,
De l’eau et un peu de sel à portée de main.

[A SUIVRE]



Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

dimanche 1 octobre 2017

Conte: Le brave musicien (Partie I)

CONTE: LE brave musicien (PARTIE I)

I. Ce que vit le brave musicien en étant dans une ferme

Il était une fois un brave musicien
Gagnant honnêtement sa vie sans la gagner bien,
Qui s’en allait aux jours de fête volages
Jouer de la flûte dans quelques villages.

Un soir, le musicien dans une ferme rêvait
En voyant un château imposant qui s’élevait
Dans le ciel, pareil à un nuage immense.
Il demanda avec surprise et patience
A qui appartenait cet autre firmament.
« Il appartenait à un seigneur alarmant,
Lui dit enfin un vieux fermier, dont la race
Et le nom sont maudits. Mauvais et vorace,
Il a vécu dans son grand château, toujours seul
Ainsi qu’un mort voilé de son pesant linceul.
Rien ne touchait ce cœur comme la nuit sombre
Et qui semblait à tous fait de vices et d’ombres ;
Pour les pauvres comme pour ses tenanciers
Ce seigneur était sans remords et sans pitié,
L’argent était son seul bonheur et sa famille,
Son père, sa mère, son fils et sa fille !
Le jour où il mourut un hiver arrivant,
Il cacha son trésor aux morts et aux vivants :
Un parent, seul héritier de cette âme noire,
Creusa, sonda les murs, ouvrit les armoires,
Mais il ne trouva rien ! d’autres spéculateurs
Vinrent eux aussi – car l’or est un grand tentateur –
Sans être plus heureux. Ils devinrent fous, mêmes,
D’autres de leur quête revinrent très blêmes
En racontant qu’ils ont vu errer des revenants
Dans le château maudit, et des spectres tonnants.
Vous avez l’air d’un bon garçon ; je vous conseille
D’oublier ce manoir où le Mal sommeille,
Oubliez tout cet or, travaillez pour manger
Et ne mettez pas vos jeunes jours en danger. »

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

vendredi 12 juin 2015

Conte: L'anneau de la princesse (Partie II)

CONTE: L'ANNEAU DE LA PRINCESSE (PARTIE Ii)


II. Ce que le jeune seigneur fit pour sauver sa princesse et en devenir l’époux

Le cavalier et sa rapide monture
Voyagèrent longtemps, épris de l’aventure,
Avant qu’ils n’arrivassent au royaume lointain
De l’aigle ravisseur et sombrement hautain.
Ils atteignirent après sept jours de voyage
Le bord de la mer. Nul vaisseau en mouillage
N’était perceptible en ce rivage oublieux.
Le royaume de l’aigle, qu’on voyait au milieu,
Etait dans une île, hélas, inabordable.
« Comment parcourrons-nous la mer insondable ? »
Demanda le seigneur à son cheval. Marchons
Encore quelques jours et un marin cherchons. »
Le cheval, sans rien dire à son maître pâle,
Partit sans s’enfoncer dans les ondes fatales ;
Comme l’éclair rapide et en bravant les flots,
Ils arrivèrent à l’île sans se mouiller par l’eau.
On entendit des cris affreux et sauvages,
C’étaient les aigles, de les voir dans leur rivage
Fort mécontents. Sur eux, sans nul discernement,
Ils tombèrent, frappant avec acharnement
De leurs becs les intrus qui foulaient leur retraite
Qu’ils désiraient garder sans doute secrète.
Mais le brave cheval, qui était enchanté,
Les assaillit aussi sans être épouvanté,
En tua un grand nombre et montra son courage.
Or l’aigle ravisseur, grand et rempli de rage,
Arriva tout à coup et saisit le seigneur
Par les habits, puis le puissant oiseau grogneur
S’éleva dans les airs en emportant sa proie.
Tous les aigles crièrent en signe de joie,
Et le cheval, vaincu et bien désespéré,
Se coucha sur l’herbe, triste et dos lacéré
Par les griffes de ses assaillants farouches.
Le grand aigle emporta, léger comme une mouche,
Jusqu’aux nues le seigneur au cœur empli d’effroi.
L’île était son royaume et il était le roi
De ces bêtes sauvages, à ses ordres dociles.
Il l’avait l’intention, chose qu’il crut facile,
De laisser le seigneur tomber d’un haut endroit.
Mais malgré sa frayeur rusé et fort adroit,
Il prit une corde qu’il avait dans sa poche
Et au milieu du corps, comme une lourde roche,
S’étant lié, aux pattes de l’aigle il attacha
L’autre bout de la corde. L’animal le lâcha,
Ne s’étant aperçu de rien ; mais sa victime
Dont il ne tint pas la ruse en haute estime
L’entraîna à son tour et arriva sans mal
A l’île. Le seigneur éventra l’animal
Et il trouva l’anneau. Ô joie incomparable !
Il remonta sur son cheval vénérable
Et il partit au grand galop, car il restait
Un jour à vivre à sa belle qui s’attristait.
Le roi et la reine s’affligeaient et pleuraient
De voir périr leur jeune fille qu’ils adoraient.
La princesse songeait à son brave sauveur : 
« Hélas ! disait-elle, sa fatale ferveur
Le conduira bientôt à la mort, ô alarmes ! »
Et la pauvre princesse versait mille larmes.
Mais au même moment elle entendit venir
Son amant triomphant et qu’avant de bénir
Tous entourèrent et de questions accablèrent.
Le roi et la reine de son échec tremblèrent,
Mais il avait l’anneau et courut, fort heureux,
Le mettre au doigt de celle dont il est amoureux
Et qui devint, par là, sa légitime épouse,
Ce qui rendit mille âmes de son bonheur jalouses.
Les fêtes durèrent trente jours entiers
Et on mangea et but sans faire de quartier.
Plus tard, le prince et la princesse montèrent
Sur le trône à leur tour et sagement gouvernèrent
Leurs sujets qui étaient de leur règne contents.
Ils moururent tous deux après plus de cent ans
Et avaient douze fils comme eux bons et justes
Et plusieurs petits-fils charmants et robustes
Qui vécurent, eux aussi, heureux et sans gémir,
Sans courir de hasards et sans jamais frémir.

[FIN DU CONTE: L'ANNEAU DE LA PRINCESSE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

jeudi 11 juin 2015

Conte: L'anneau de la princesse (Partie I)

CONTE: l'anneau de la princesse (partie i)

I. Comment la princesse perdit son anneau enchanté, et ce qu’une fée recommanda à son filleul amoureux d’icelle de faire afin de le retrouver

Jadis une princesse de radieuse santé
Vivait et possédait un anneau enchanté
Que sa bonne fée lui donna à sa naissance.
Elle porta toutefois à sa connaissance
Que si elle perdait son anneau, elle allait
Mourir un an après, et qu’il lui fallait
En prendre toujours grand soin, afin que la vie
Par un destin cruel ne lui fût point ravie.
La princesse suivit ce conseil et garda
L’anneau toujours au doigt. Elle se hasarda
A monter un jour, pour voir le soleil reluire,
Sur la plus haute tour, et se laissa séduire
Par la beauté de cet astre qui la laissa
Eblouie au point que son cher anneau lui glissa
Soudain de son doigt blanc et tomba jusqu’à terre.
Or, en ce moment, un grand aigle qui erre,
Aux vastes ailes, le prit, d’un coup l’avala,
Poussa un cri rauque et dans les airs s’en alla.
Quand les parents de la princesse le surent,
Ils pensèrent la mort de leur fille sûre
Et en furent saisis d’un désespoir affreux.
On publia dans le royaume que le preux
Qui ramènerait l’anneau à la pauvre princesse
Serait son époux. Les seigneurs, sans paresse,
Se mirent tous en quête de l’oiseau ravisseur.
La cour fut déserte ; comme des punisseurs,
Ils tuèrent tous les aigles qu’ils trouvèrent
Et de trouver l’anneau dans leurs ventres rêvèrent,
Mais celui qui le prit s’était loin envolé.
Ses parents en étaient tellement désolés
Qu’ils ne pouvaient manger et point ils ne dormaient
Et pour leur jeune fille qui pleurait s’alarmaient.
On fit venir des fées. Malgré leurs grands pouvoirs,
Elles firent à la princesse et ses parents savoir
Que si nul ne ramenait l’anneau redoutable
La mort de la princesse était inévitable.
Or, la jeune princesse avait pour amoureux
Un seigneur de son âge qui, le cœur douloureux,
Alla trouver la fée qui était sa marraine.
« Ma bonne fée, je dois sauver ma suzeraine,
Lui dit-il, d’une mort qui me ferait périr,
Car je la chéris et je la crois me chérir.
Dites-moi, ma marraine, où est cet aigle infâme,
Pour que la princesse vive et soit ma femme. »
Et la fée, qui aimait tendrement son filleul,
Répondit : « des aigles cet aigle est l’aïeul ;
Il est bien loin. Pour que ta belle puisse vivre,
Prends ce savant cheval ; tu n’auras qu’à le suivre
Et il te conduira à lui, mon doux petit. »
Il la mercia, monta à cheval et partit.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 1 avril 2015

Conte: La Princesse aux pêches (Partie II)

CONTE: LA PRINCESSE AUX PÊCHES (PARTIE Ii) 


II. Ce qui arriva à un jeune garçon qui tenta, à son tour, de devenir l’époux de la princesse

Il y avait à la ferme un garçon qui déplait,
A qui on conseillait de boire du lait
En se moquant de lui et de sa maigresse,
Ou d’aller, quelque part, prendre une maîtresse
Qui voulût de lui en ignorant le péril,
Pour qu’il fût, aux yeux de ses amis, plus viril.
Il alla demander à la vieille fermière
De cueillir des pêches, et elle fut la première
A le railler en lui disant : « Mon pauvre enfant !
Mon gars et ton seigneur, se croyant triomphants,
Ont été chassés et rossés de coups peu tendres,
Et à la fille du roi tu oses prétendre ! »
« Je veux bien essayer, répartit le berger,
Et pour la princesse braver tous les dangers.
Pour tout vous dire, ma bourgeoise, je sens même
Que je réussirai, que Dieu tout-puissant m’aime. »
« Eh bien ! par mes conseils tu n’es point arrêté.
Va alors, j’y consens. Si tu es maltraité,
Je ne te plaindrai pas, petit fou sans prudence,
Qui d’épouser une princesse a l’impudence. »
Lui dit la fermière. Et le pâtour ravi
Alla cueillir des pêches, ignorant son avis,
Qu’il choisit une à une avec beaucoup d’adresse
Et que de mousse et de feuilles, avec tendresse,
Il couvrit, pour que nul hasard ne les gâtât.
Notre vaillant pastour ensuite se hâta,
Armé de son panier, de prendre la route.
La vieille mendiante vint lui dire : « Sans doute
Ce que tu portes ainsi, comme un Saint-Sacrement
A beaucoup de valeur. » Et lui, sincèrement,
Répondit : « Ma bonne femme, ce sont des pêches,
De les porter au roi ainsi je me dépêche
Car d’épouser sa fille j’ai formé le désir.
J’en ai une douzaine, et s’il vous fait plaisir
D’en manger, prenez-en quelques-unes bien mûres. »
La vieille répondit avec un murmure : 
« Tu es bon, mon garçon, d’ainsi à moi penser,
Et par un présent je vais te récompenser.
Prends cette baguette blanche, qui est charmée,
Elle exaucera toutes tes volontés formées,
Mais prends garde, car son pouvoir est limité,
Toute autre baguette va après l’imiter,
Et tu ne pourras t’en servir qu’à trois reprises.
Va, et ne crains de moi nulle noire traitrise,
Si tu te conduis bien, la princesse est à toi,
Et tu vivras heureux sous son royal toit. »
Quand il arriva au palais, sans élégance
Habillé, le roi crut qu’on avait l’arrogance
De lui jouer encor un autre méchant tour
Et refusa l’audience. Des hommes de sa cour
Lui dirent, toutefois, que malgré sa tenue,
Le garçon semblait une jeune fille venue
Car il avait l’air doux et poli. Qu’on l’admît
En sa présence, le roi hésitant permit,
En jurant que s’il lui jouait une farce,
Au lieu de lui donner sa charmante garce
Il l’en ferait toute sa vie bien repentir.
Ravi de voir qu’il ne venait point lui mentir,
Le roi aperçut, dans le panier, des pêches rondes
Qui étaient parfumées, belles et girondes.
Il appela sa fille à fin de les lui montrer,
Le garçon, qui jamais ne put la rencontrer,
Quand il vit sa beauté  en perdit le verbe.
« Garçon, lui dit le roi, tes pêches sont superbes.
Je vois que ma fille te plait. Tu l’épouseras,
Et maint héros épris alors te jalousera
Si tu réussis à accomplir trois épreuves.
Je t’en proposerai chaque jour une neuve ;
Il te faut aujourd’hui, sans jouer au larron,
Une charrette que ne fit aucun charron
Avec des chevaux qui jamais ne mangèrent,
Puis tu me ramèneras des âmes étrangères
Que tu rencontreras sur ta route, en allant
Au palais, et qui ont de prodigieux talents. » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène