mardi 31 mars 2015

Conte: La Princesse aux pêches (Partie I)

CONTE: La princesse aux pêches (PARTIE i) 

I. Pourquoi un seigneur et le fils d’une fermière ne purent épouser la Princesse aux pêches

Au temps des contes de jadis, un roi vivait
Qui était bien puissant et juste, et qui n’avait
Qu’une seule fille, qui était sa chérie.
Au jour de sa naissance, une fée, Valérie,
Prédit qu’elle serait belle et enchanterait
Et épouserait l’homme qui lui apporterait
Un panier de pêches, les plus belles qui fussent.
On remarqua qu’avant que les dents ne pussent
Lui pousser, elle aimait bien ce délicieux fruit,
Et qu’elle faisait, pour l’avoir, beaucoup de bruit.
Quand de se marier elle atteignit enfin l’âge,
Le roi, superstitieux et n’étant point volage,
Promit qu’il marierait la princesse aux yeux doux
A l’homme qui pourrait, pour devenir son époux,
Lui apporter la plus belle panerée de pêches,
Et qui, après l’avoir apportée, se dépêche
D’accomplir ensuite trois insignes travaux.
Il y avait une grande ferme emplie de chevaux,
De vaches, de moutons et de mille autre bêtes
Et qui, chaque matin, mangeaient leur herbette ;
Ses pêches étaient les plus belles que l’on pût voir,
Et le propriétaire, qui venait de savoir
La promesse du roi, de sa voix redoutée
Qu’on cueillît un panier de pêches veloutées
Les plus appétissantes et belles, avec grand soin,
Ordonna à ses hommes, pour son propre besoin.
Il les enveloppa ensuite lui-même
Dans des feuilles de vigne. « Que la princesse m’aime
Ou bien ne m’aime pas, je serai son mari. »
Pensa-t-il, arrogant. Il était bien marri
D’être arrêté, dans son chemin, par une vieille
A une mendiante en loques pareille
Qui lui demanda : « Que portez-vous, beau seigneur ? »
« Des cornes, la vieille. » répondit-il, railleur.
« Ainsi soit-il », dit-elle. Avec déférence
Il fit au roi une gracieuse révérence,
Et souriait, vaniteux, en pensant qu’il allait
Epouser la princesse et aussi le palais ;
Mais au lieu des pêches appétissantes et fraîches,
On trouva au panier des cornes de bouc rêches
Qui sentaient si mauvais qu’on se bouchait le nez.
Le roi, en colère, cria : « Gardes, venez !
Chassez cet homme, et que jamais il ne paraisse
Dans ma cour ! » Le lendemain, réveillé sans paresse,
Le fils de la fermière voulut aller en cour,
Cueillit des pêches et se mit en route à son tour ;
Il rencontra aussi la vieille mendiante
Qui lui sembla, comme le seigneur, ennuyante,
Et qui lui demanda : « Mon joli garçonnet,
Dans votre panier qu’y a-t-il ? » Et lui s’étonnait
De sa question, et lui dit avec insolence :
« Des crottes de brebis. Je te ferai violence
Si tu ne quittes pas, la vieille, mon chemin.
J’ai à épouser une princesse avant demain. »
« Qu’il en soit donc ainsi. », murmura la pauvresse.
Le gars sentait de sa victoire l’ivresse,
Mais quand il ouvrit son panier devant le roi,
Au lieu des pêches il vit, avec un grand effroi,
Qu’il ne contenait plus que de noires crottes.
Des bouffons, avec leurs bâtons à marotte,
Frappèrent l’insolent, et des valets furieux,
Et lui, souffrant de ce châtiment laborieux,
Revint à la ferme, marchant avec boîterie,
Déçu et tout penaud, les épaules meurtries.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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