mercredi 1 avril 2015

Conte: La Princesse aux pêches (Partie II)

CONTE: LA PRINCESSE AUX PÊCHES (PARTIE Ii) 


II. Ce qui arriva à un jeune garçon qui tenta, à son tour, de devenir l’époux de la princesse

Il y avait à la ferme un garçon qui déplait,
A qui on conseillait de boire du lait
En se moquant de lui et de sa maigresse,
Ou d’aller, quelque part, prendre une maîtresse
Qui voulût de lui en ignorant le péril,
Pour qu’il fût, aux yeux de ses amis, plus viril.
Il alla demander à la vieille fermière
De cueillir des pêches, et elle fut la première
A le railler en lui disant : « Mon pauvre enfant !
Mon gars et ton seigneur, se croyant triomphants,
Ont été chassés et rossés de coups peu tendres,
Et à la fille du roi tu oses prétendre ! »
« Je veux bien essayer, répartit le berger,
Et pour la princesse braver tous les dangers.
Pour tout vous dire, ma bourgeoise, je sens même
Que je réussirai, que Dieu tout-puissant m’aime. »
« Eh bien ! par mes conseils tu n’es point arrêté.
Va alors, j’y consens. Si tu es maltraité,
Je ne te plaindrai pas, petit fou sans prudence,
Qui d’épouser une princesse a l’impudence. »
Lui dit la fermière. Et le pâtour ravi
Alla cueillir des pêches, ignorant son avis,
Qu’il choisit une à une avec beaucoup d’adresse
Et que de mousse et de feuilles, avec tendresse,
Il couvrit, pour que nul hasard ne les gâtât.
Notre vaillant pastour ensuite se hâta,
Armé de son panier, de prendre la route.
La vieille mendiante vint lui dire : « Sans doute
Ce que tu portes ainsi, comme un Saint-Sacrement
A beaucoup de valeur. » Et lui, sincèrement,
Répondit : « Ma bonne femme, ce sont des pêches,
De les porter au roi ainsi je me dépêche
Car d’épouser sa fille j’ai formé le désir.
J’en ai une douzaine, et s’il vous fait plaisir
D’en manger, prenez-en quelques-unes bien mûres. »
La vieille répondit avec un murmure : 
« Tu es bon, mon garçon, d’ainsi à moi penser,
Et par un présent je vais te récompenser.
Prends cette baguette blanche, qui est charmée,
Elle exaucera toutes tes volontés formées,
Mais prends garde, car son pouvoir est limité,
Toute autre baguette va après l’imiter,
Et tu ne pourras t’en servir qu’à trois reprises.
Va, et ne crains de moi nulle noire traitrise,
Si tu te conduis bien, la princesse est à toi,
Et tu vivras heureux sous son royal toit. »
Quand il arriva au palais, sans élégance
Habillé, le roi crut qu’on avait l’arrogance
De lui jouer encor un autre méchant tour
Et refusa l’audience. Des hommes de sa cour
Lui dirent, toutefois, que malgré sa tenue,
Le garçon semblait une jeune fille venue
Car il avait l’air doux et poli. Qu’on l’admît
En sa présence, le roi hésitant permit,
En jurant que s’il lui jouait une farce,
Au lieu de lui donner sa charmante garce
Il l’en ferait toute sa vie bien repentir.
Ravi de voir qu’il ne venait point lui mentir,
Le roi aperçut, dans le panier, des pêches rondes
Qui étaient parfumées, belles et girondes.
Il appela sa fille à fin de les lui montrer,
Le garçon, qui jamais ne put la rencontrer,
Quand il vit sa beauté  en perdit le verbe.
« Garçon, lui dit le roi, tes pêches sont superbes.
Je vois que ma fille te plait. Tu l’épouseras,
Et maint héros épris alors te jalousera
Si tu réussis à accomplir trois épreuves.
Je t’en proposerai chaque jour une neuve ;
Il te faut aujourd’hui, sans jouer au larron,
Une charrette que ne fit aucun charron
Avec des chevaux qui jamais ne mangèrent,
Puis tu me ramèneras des âmes étrangères
Que tu rencontreras sur ta route, en allant
Au palais, et qui ont de prodigieux talents. » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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