CONTE: LA PRINCESSE AUX PÊCHES (PARTIE Ii)
II. Ce qui arriva à un jeune garçon qui tenta, à son
tour, de devenir l’époux de la princesse
Il y avait à la ferme un garçon qui
déplait,
A qui on conseillait de boire du lait
En se moquant de lui et de sa maigresse,
Ou d’aller, quelque part, prendre une
maîtresse
Qui voulût de lui en ignorant le péril,
Pour qu’il fût, aux yeux de ses amis,
plus viril.
Il alla demander à la vieille fermière
De cueillir des pêches, et elle fut la
première
A le railler en lui disant : « Mon
pauvre enfant !
Mon gars et ton seigneur, se croyant
triomphants,
Ont été chassés et rossés de coups peu
tendres,
Et à la fille du roi tu oses prétendre ! »
« Je veux bien essayer, répartit le
berger,
Et pour la princesse braver tous les
dangers.
Pour tout vous dire, ma bourgeoise, je
sens même
Que je réussirai, que Dieu tout-puissant
m’aime. »
« Eh bien ! par mes conseils
tu n’es point arrêté.
Va alors, j’y consens. Si tu es
maltraité,
Je ne te plaindrai pas, petit fou sans
prudence,
Qui d’épouser une princesse a l’impudence. »
Lui dit la fermière. Et le pâtour ravi
Alla cueillir des pêches, ignorant son
avis,
Qu’il choisit une à une avec beaucoup d’adresse
Et que de mousse et de feuilles, avec
tendresse,
Il couvrit, pour que nul hasard ne les
gâtât.
Notre vaillant pastour ensuite se hâta,
Armé de son panier, de prendre la route.
La vieille mendiante vint lui dire : « Sans
doute
Ce que tu portes ainsi, comme un
Saint-Sacrement
A beaucoup de valeur. » Et lui,
sincèrement,
Répondit : « Ma bonne
femme, ce sont des pêches,
De les porter au roi ainsi je me dépêche
Car d’épouser sa fille j’ai formé le
désir.
J’en ai une douzaine, et s’il vous fait
plaisir
D’en manger, prenez-en quelques-unes
bien mûres. »
La vieille répondit avec un murmure :
« Tu es bon, mon garçon, d’ainsi à
moi penser,
Et par un présent je vais te
récompenser.
Prends cette baguette blanche, qui est
charmée,
Elle exaucera toutes tes volontés
formées,
Mais prends garde, car son pouvoir est
limité,
Toute autre baguette va après l’imiter,
Et tu ne pourras t’en servir qu’à trois
reprises.
Va, et ne crains de moi nulle noire
traitrise,
Si tu te conduis bien, la princesse est
à toi,
Et tu vivras heureux sous son royal
toit. »
Quand il arriva au palais, sans élégance
Habillé, le roi crut qu’on avait l’arrogance
De lui jouer encor un autre méchant tour
Et refusa l’audience. Des hommes de sa
cour
Lui dirent, toutefois, que malgré sa
tenue,
Le garçon semblait une jeune fille venue
Car il avait l’air doux et poli. Qu’on l’admît
En sa présence, le roi hésitant permit,
En jurant que s’il lui jouait une farce,
Au lieu de lui donner sa charmante garce
Il l’en ferait toute sa vie bien
repentir.
Ravi de voir qu’il ne venait point lui
mentir,
Le roi aperçut, dans le panier, des
pêches rondes
Qui étaient parfumées, belles et girondes.
Il appela sa fille à fin de les lui
montrer,
Le garçon, qui jamais ne put la
rencontrer,
Quand il vit sa beauté en perdit le verbe.
« Garçon, lui dit le roi, tes
pêches sont superbes.
Je vois que ma fille te plait. Tu l’épouseras,
Et maint héros épris alors te jalousera
Si tu réussis à accomplir trois épreuves.
Je t’en proposerai chaque jour une neuve ;
Il te faut aujourd’hui, sans jouer au
larron,
Une charrette que ne fit aucun charron
Avec des chevaux qui jamais ne mangèrent,
Puis tu me ramèneras des âmes étrangères
Que tu rencontreras sur ta route, en
allant
Au palais, et qui ont de prodigieux
talents. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mercredi 1 avril 2015
Conte: La Princesse aux pêches (Partie II)
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