CONTE: L'ANNEAU DE LA PRINCESSE (PARTIE Ii)
II. Ce que le jeune seigneur fit pour sauver sa
princesse et en devenir l’époux
Le cavalier et sa rapide monture
Voyagèrent longtemps, épris de l’aventure,
Avant qu’ils n’arrivassent au royaume
lointain
De l’aigle ravisseur et sombrement
hautain.
Ils atteignirent après sept jours de
voyage
Le bord de la mer. Nul vaisseau en
mouillage
N’était perceptible en ce rivage
oublieux.
Le royaume de l’aigle, qu’on voyait au
milieu,
Etait dans une île, hélas, inabordable.
« Comment parcourrons-nous la mer
insondable ? »
Demanda le seigneur à son cheval.
Marchons
Encore quelques jours et un marin
cherchons. »
Le cheval, sans rien dire à son maître pâle,
Partit sans s’enfoncer dans les ondes
fatales ;
Comme l’éclair rapide et en bravant les
flots,
Ils arrivèrent à l’île sans se mouiller
par l’eau.
On entendit des cris affreux et
sauvages,
C’étaient les aigles, de les voir dans
leur rivage
Fort mécontents. Sur eux, sans nul
discernement,
Ils tombèrent, frappant avec acharnement
De leurs becs les intrus qui foulaient
leur retraite
Qu’ils désiraient garder sans doute
secrète.
Mais le brave cheval, qui était
enchanté,
Les assaillit aussi sans être épouvanté,
En tua un grand nombre et montra son
courage.
Or l’aigle ravisseur, grand et rempli de
rage,
Arriva tout à coup et saisit le seigneur
Par les habits, puis le puissant oiseau
grogneur
S’éleva dans les airs en emportant sa
proie.
Tous les aigles crièrent en signe de
joie,
Et le cheval, vaincu et bien désespéré,
Se coucha sur l’herbe, triste et dos
lacéré
Par les griffes de ses assaillants
farouches.
Le grand aigle emporta, léger comme une
mouche,
Jusqu’aux nues le seigneur au cœur empli
d’effroi.
L’île était son royaume et il était le
roi
De ces bêtes sauvages, à ses ordres
dociles.
Il l’avait l’intention, chose qu’il crut
facile,
De laisser le seigneur tomber d’un haut
endroit.
Mais malgré sa frayeur rusé et fort
adroit,
Il prit une corde qu’il avait dans sa
poche
Et au milieu du corps, comme une lourde
roche,
S’étant lié, aux pattes de l’aigle il
attacha
L’autre bout de la corde. L’animal le
lâcha,
Ne s’étant aperçu de rien ; mais sa
victime
Dont il ne tint pas la ruse en haute
estime
L’entraîna à son tour et arriva sans mal
A l’île. Le seigneur éventra l’animal
Et il trouva l’anneau. Ô joie
incomparable !
Il remonta sur son cheval vénérable
Et il partit au grand galop, car il restait
Un jour à vivre à sa belle qui s’attristait.
Le roi et la reine s’affligeaient et
pleuraient
De voir périr leur jeune fille qu’ils
adoraient.
La princesse songeait à son brave
sauveur :
« Hélas ! disait-elle, sa
fatale ferveur
Le conduira bientôt à la mort, ô alarmes ! »
Et la pauvre princesse versait mille
larmes.
Mais au même moment elle entendit venir
Son amant triomphant et qu’avant de
bénir
Tous entourèrent et de questions
accablèrent.
Le roi et la reine de son échec
tremblèrent,
Mais il avait l’anneau et courut, fort
heureux,
Le mettre au doigt de celle dont il est
amoureux
Et qui devint, par là, sa légitime
épouse,
Ce qui rendit mille âmes de son bonheur
jalouses.
Les fêtes durèrent trente jours entiers
Et on mangea et but sans faire de
quartier.
Plus tard, le prince et la princesse
montèrent
Sur le trône à leur tour et sagement
gouvernèrent
Leurs sujets qui étaient de leur règne
contents.
Ils moururent tous deux après plus de
cent ans
Et avaient douze fils comme eux bons et
justes
Et plusieurs petits-fils charmants et
robustes
Qui vécurent, eux aussi, heureux et sans
gémir,
Sans courir de hasards et sans jamais
frémir.
[FIN DU CONTE: L'ANNEAU DE LA PRINCESSE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
vendredi 12 juin 2015
Conte: L'anneau de la princesse (Partie II)
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