vendredi 12 juin 2015

Conte: L'anneau de la princesse (Partie II)

CONTE: L'ANNEAU DE LA PRINCESSE (PARTIE Ii)


II. Ce que le jeune seigneur fit pour sauver sa princesse et en devenir l’époux

Le cavalier et sa rapide monture
Voyagèrent longtemps, épris de l’aventure,
Avant qu’ils n’arrivassent au royaume lointain
De l’aigle ravisseur et sombrement hautain.
Ils atteignirent après sept jours de voyage
Le bord de la mer. Nul vaisseau en mouillage
N’était perceptible en ce rivage oublieux.
Le royaume de l’aigle, qu’on voyait au milieu,
Etait dans une île, hélas, inabordable.
« Comment parcourrons-nous la mer insondable ? »
Demanda le seigneur à son cheval. Marchons
Encore quelques jours et un marin cherchons. »
Le cheval, sans rien dire à son maître pâle,
Partit sans s’enfoncer dans les ondes fatales ;
Comme l’éclair rapide et en bravant les flots,
Ils arrivèrent à l’île sans se mouiller par l’eau.
On entendit des cris affreux et sauvages,
C’étaient les aigles, de les voir dans leur rivage
Fort mécontents. Sur eux, sans nul discernement,
Ils tombèrent, frappant avec acharnement
De leurs becs les intrus qui foulaient leur retraite
Qu’ils désiraient garder sans doute secrète.
Mais le brave cheval, qui était enchanté,
Les assaillit aussi sans être épouvanté,
En tua un grand nombre et montra son courage.
Or l’aigle ravisseur, grand et rempli de rage,
Arriva tout à coup et saisit le seigneur
Par les habits, puis le puissant oiseau grogneur
S’éleva dans les airs en emportant sa proie.
Tous les aigles crièrent en signe de joie,
Et le cheval, vaincu et bien désespéré,
Se coucha sur l’herbe, triste et dos lacéré
Par les griffes de ses assaillants farouches.
Le grand aigle emporta, léger comme une mouche,
Jusqu’aux nues le seigneur au cœur empli d’effroi.
L’île était son royaume et il était le roi
De ces bêtes sauvages, à ses ordres dociles.
Il l’avait l’intention, chose qu’il crut facile,
De laisser le seigneur tomber d’un haut endroit.
Mais malgré sa frayeur rusé et fort adroit,
Il prit une corde qu’il avait dans sa poche
Et au milieu du corps, comme une lourde roche,
S’étant lié, aux pattes de l’aigle il attacha
L’autre bout de la corde. L’animal le lâcha,
Ne s’étant aperçu de rien ; mais sa victime
Dont il ne tint pas la ruse en haute estime
L’entraîna à son tour et arriva sans mal
A l’île. Le seigneur éventra l’animal
Et il trouva l’anneau. Ô joie incomparable !
Il remonta sur son cheval vénérable
Et il partit au grand galop, car il restait
Un jour à vivre à sa belle qui s’attristait.
Le roi et la reine s’affligeaient et pleuraient
De voir périr leur jeune fille qu’ils adoraient.
La princesse songeait à son brave sauveur : 
« Hélas ! disait-elle, sa fatale ferveur
Le conduira bientôt à la mort, ô alarmes ! »
Et la pauvre princesse versait mille larmes.
Mais au même moment elle entendit venir
Son amant triomphant et qu’avant de bénir
Tous entourèrent et de questions accablèrent.
Le roi et la reine de son échec tremblèrent,
Mais il avait l’anneau et courut, fort heureux,
Le mettre au doigt de celle dont il est amoureux
Et qui devint, par là, sa légitime épouse,
Ce qui rendit mille âmes de son bonheur jalouses.
Les fêtes durèrent trente jours entiers
Et on mangea et but sans faire de quartier.
Plus tard, le prince et la princesse montèrent
Sur le trône à leur tour et sagement gouvernèrent
Leurs sujets qui étaient de leur règne contents.
Ils moururent tous deux après plus de cent ans
Et avaient douze fils comme eux bons et justes
Et plusieurs petits-fils charmants et robustes
Qui vécurent, eux aussi, heureux et sans gémir,
Sans courir de hasards et sans jamais frémir.

[FIN DU CONTE: L'ANNEAU DE LA PRINCESSE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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