mardi 10 octobre 2017

Conte: Le brave musicien (Partie III)

CONTE: LE BRAVE MUSICIEN (PARTIE IiI)



III. Comment le musicien parvint à conquérir le trésor

Le musicien allume un feu et fait sa soupe,
Il prend aussi quelques légumes et les coupe,
Et tandis qu’elle bout reprend tranquillement
Sa flûte à ses côtés, qui l’attend fidèlement.
Les lentilles cuites, dans une grande assiette
Il les verse et mange sans avoir l’âme inquiète.
Soudain la porte s’ouvre avec un bruit de deuil,
Sur une civière portant un grand cercueil,
Deux hommes entrent, et ils déposent sans rien dire
Leur fardeau sur une table et se retirent.
Le musicien se lève, il l’ouvre et il y voit
Un vieil homme ridé et dur comme du bois,
Avec une longue barbe et des cheveux blancs,
Le visage très pâle et les membres tremblants,
Qui est toujours vivant ! Le musicien s’étonne,
Le prend par le bras, le fait s’asseoir et lui donne
Un peu de sa soupe. Le vieillard ravivé
Lui dit : « Merci, jeune mortel. Tu m’as sauvé.
Suis-moi. » Le musicien, avec sa lanterne,
Le suit ; ils descendent des escaliers mornes
Jusqu’à un ténébreux et profond souterrain.
Le vieillard s’arrête comme un spectre d’airain
Devant un grand monceau d’argent, devenu plus pâle.
« Divise ce trésor en deux parts égales,
Parfaitement égales, dit-il au musicien,
Ou tu perdras la vie et tu n’auras rien. »
Le musicien compte les écus, les divise
En deux monceaux égaux. Mais une pièce grise
Est de trop. Il la prend alors par le milieu
Et avec son couteau la brise. Pour le vieux
Il met une moitié, une autre pour lui-même.
Le vieillard lui sourit, son front n’est plus blême,
Et dit : « Je suis sauvé ! depuis cent ans je garde
Mon fatal trésor. Tous ceux qui se hasardent
A venir veulent tout prendre. Prends la moitié
De cet argent qui m’a rendu sans pitié,
Et donne ce qui reste aux pauvres sans familles. 
Sois généreux comme pour ta soupe aux lentilles. »
Le vieillard disparaît, et le musicien prend
Sa moitié, donne l’autre aux mendiants errants,
Se fait construire une grande maison fort belle
Et vit heureux, la main pleine et le cœur fidèle.

[FIN DU CONTE: LE BRAVE MUSICIEN]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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