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dimanche 15 septembre 2024

Point de vue sur l’imaginaire des enfants

POINT DE VUE SUR l'imaginaire des enfants

C’est un conte radieux, peuplé de fées,
De certitudes, de métamorphoses,
Une forêt où l’on va sur des roses,
Par un gentil feu d’hiver réchauffée ;

C’est un rêve où chaque chose parle
Un langage limpide et plein de sève,
Lumineux comme un soleil qui se lève
Et dont chaque point est une perle ;

C’est un pays aux sources merveilleuses
Où il pleut souvent des pierres précieuses
Et où la nature est calme et pieuse ;

C’est un palais aux portes pesantes
Dont les clefs sont anciennes et luisantes
Et dont les senteurs sont apaisantes. 


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mardi 26 octobre 2021

Cartes postales (6)

CARTES POSTALES (6)

Une lueur persistante
Dans la forêt inquiétante
Jaillit comme un petit soleil.
L’ogre s’ennuie et a sommeil
Dans sa cabane, son taudis.
L’ogresse, quant à elle, dit
Qu’il faut que les enfants mangent,
Que ses ronflements les dérangent
Et les empêchent de dormir,
Et lui l’écoute sans frémir,
Pose sa massue dans l’ombre
Dans un coin poussiéreux et sombre,
Va dormir, ronflant derechef.
L’ogresse met sa grosse clef
Sur la table, loin de l’orage
Cachant les enfants dans leur cage.

Nous sommes, esprits arséniés,
Comme ses enfants prisonniers
De l’ogre et de l’ogresse,
Dont nul n’entend la détresse.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

dimanche 3 janvier 2021

Les deux enfants qui parlèrent comme Jésus

Les deux enfants qui parlèrent comme Jésus

Pour toute réponse, elle leur fit signe d’interroger son fils. Nous adresserons-nous, lui dit-on, à un enfant au berceau ? (Coran, 19, 29)


I

Jourayj le moine était un homme très pieux
Qui adorait avec ferveur le seul vrai Dieu.
Un jour, il entendit la voix de sa mère
Qui l’appelait alors qu’il faisait sa prière.
« Dieu m’a donné la vie, et ma mère le jour. »
Se dit-il, préférant rester à sa voix sourd,
Et il continua sa prière ardente.
Le lendemain, sa mère était plus insistante.
Il ne lui répondit pas, et le jour suivant,
Resta aussi sourd qu’il le fut le jour d’avant.
Sa mère s’écria alors, en colère :
« Ô Dieu, fasse qu’avant son heure dernière
Par une femme sans vertu il soit tenté ! »
Jourayj l’entendit et en fut épouvanté.

Dans le but d’éprouver la foi du moine,
Des plaisantins mauvais, devisant, crurent idoine
De lui envoyer, de leur victoire assurés,
Une femme publique aux attraits célébrés.
Elle tenta de le séduire avec ses charmes ;
Il ne la regarda pas, sa foi resta ferme.
La femme dissolue, alors, pour se venger,
Songea un peu, et se donna à un berger
Qui avait ses troupeaux près du monastère.
Elle en eut un enfant. Qui en était le père ?
« C’est Jourayj, répondit-elle, il vient de son lit. »
À son temple on alla, pour qu’on le démolît,
Mais d’abord on battit le moine coupable.
On s’écriait : « Tu as péché, misérable !
Une mauvaise femme a un enfant de toi ! »
Jourayj leur répondit, auguste comme un roi :
« Faites venir l’enfant dont on me croit le père,
Et laissez-moi aussi finir ma prière. »
Jourayj pria, et on apporta le petit.
Avec son doigt il le toucha au ventre, et dit :
« Enfant, quel est le nom que ton père porte ? »
La surprise de tous était bien forte
Lorsque l’enfant dit le nom du berger. Alors
On s’écria : « Si tu le veux, avec de l’or
Nous te reconstruirons, Jourayj, un nouveau temple !
Nous pensions faire de toi un exemple,
Pardonne-nous ! » « Ce n’est pas à l’or que je cours,
Répondit le moine. Dans mes paisibles jours,
Mon monastère était fait de terre cuite. »
Bientôt la retraite fut reconstruite.

II

Une femme allaitait son enfant. Elle vit
Passer un homme en grand appareil, et suivi
de beaucoup de valets. Éblouie, cette mère
Adressa au Seigneur cette prière :
« Ô Dieu ! que mon enfant soit, un jour, comme lui ! »
L’enfant quitta son sein après avoir ouï
Sa prière, et dit : « Que le Seigneur m’en préserve ! »
La mère vit ensuite en chemin une serve
Qu’on frappait. Elle dit : « Que mon fils, ô Seigneur !
Ne soit pas comme elle. » Alors l’enfant songeur
Leva la tête et dit : « Que je sois comme elle ! »
« Pourquoi ? » lui demanda sa mère rebelle.
Il lui expliqua : « Cet homme en grand appareil
À qui tu veux, mère, je sois pareil,
Est injuste et cruel. Quant à cette femme,
On la qualifiait de voleuse et d’infâme,
Ces hommes la battaient, de Dieu les ennemis,
Pour des crimes qu’elle n’avait point commis. »


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 5 juin 2019

Le banc rose

Le banc rose

Jadis, quand les bêtes parlaient, le soir,
La reine des fées venait s’asseoir
Sur un banc tout mignon peint en rose.
La Nature lui murmurait des choses,
Et elle écoutait toujours en souriant
Les enfants dans leurs logis la priant,
Qui désiraient des présents innombrables ;
L’un dans sa chaumière misérable
Voulait un château dont il est le roi,
Et en ayant à la fois faim et froid,
Savourait un festin imaginaire ;
L’autre, orphelin, demandait son père,
D’autres petits simplement des bonbons,
Et la fée ne leur disait jamais non.
Comment dire non à un enfant qui rêve ?
Avant que dans son arbre plein de sève
Elle n’allât jusqu’à l’aube dormir,
Elle ne laissait aucun cœur gémir
Derrière toute porte qu’on ferme,
Et chez les enfants, essuyaient leurs larmes.

Et aujourd’hui ? La douce fée n’est plus.
Sur le banc rose il a neigé et plu,
Et il est désormais couvert de mousse.
L’herbe sauvage à côté de lui pousse,
Et la fée est morte dans ce linceul,
N’allant plus aux enfants quand ils sont seuls.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

vendredi 13 juillet 2018

Les choses fatiguées

les choses fatiguées

Je revois la licorne lasse
La corne cassée, dans l’espace
Ne pouvant plus jamais s’envoler,
Et remuant ses deux flancs ailés
Comme la brise un chêne immense !
Je revois les fées de notre enfance,
Vieilles et ridées par le Destin,
Qu’on ne convie à aucun festin,
Chétives, errantes, faméliques,
Portant leurs baguettes magiques
Qui ont soudain perdu leurs pouvoirs !
Il m’arrive aussi de revoir
Les princesses douces et altières,
Même les méchantes sorcières,
Je m’en souviens avec ravissement !

Et ces choses, cruellement, doucement,
S’envolent sans retour, éphémères
Comme les charmantes chimères
De notre enfance, du temps jadis,
Qui font rire nos filles et fils !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

vendredi 23 décembre 2016

Les princes de la Tour

les princes de la tour

Paul Delaroche, Les Enfants d'Édouard (1830)

Edouard, le jeune roi d’Angleterre, a douze ans,
Et son frère, le duc d’York, neuf. Fatal présent
Que fait le Destin aux hommes, qu’une couronne !
C’est leur oncle Richard qui, briguant le trône, 
Dans la tour de Londres les a emprisonnés
Pour les assassiner, et leur heure a sonné.

Tous les deux sont inquiets et doucement se serrent
L’un contre l’autre, et croient voir surgir des serres 
Des ténèbres qui les entourent et sous le lit ;
Richard de Shrewsbury plus qu’Edouard pâlit,
Etant le plus jeune et des deux le plus faible.
Son frère tremblant, en lui lisant la Bible,
Lui conte des fables pour tromper sa terreur.
Oubliant son crime, dans sa noire fureur
Croyant sans doute faire une bonne chose,
Leur oncle a laissé à ses deux neveux roses
Qui sont ses prisonniers, non la vie mais un chien.
« Ils ne s’ennuieront pas, a-t-il pensé, c’est bien. »
Et il les a jetés tous les deux dans l’ombre.
Les murs semblent habités par des spectres sombres
Qui errent sans répit, gémissants et hideux,
Et dansent, vêtus de blancs linceuls, autour d’eux.

Le chien fidèle tout à coup dresse l’oreille
Car il entend venir quelqu’un, et vermeille,
Une pâle lueur sous la porte reluit,
L’assassin vient et la ferme derrière lui. 


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

jeudi 3 novembre 2016

La mort des enfants de Niobé

LA mort des enfants de niobé

Jacques-Louis David, Diane et Apollon perçant de leurs flèches les enfants de Niobé (1772)

Pour châtier Niobé de ses enfants fière,
La cruelle Artémis et son frère furieux
Font choir avec courroux de l’azur mystérieux
Une inféconde pluie de flèches meurtrières !

Ô massacre divin, ignoble homicide ! 
Lascive et sombre sur son nuage doré,
La déesse châtie tous les fils adorés
D’une mère implorant en vain son cœur placide ;

Le farouche Apollon, lui, d’une main fatale,
Tend l’arc avec mépris et tue avec dédain 
Tous ces jeunes mortels qui périssent soudain,
Et laisse vivante la fille de Tantale

Pour qu’elle souffre et pour qu’elle se souvienne,
Pour que son supplice ténébreux soit sans fin,
Comme son père qui meurt de soif et de faim
Victime éternelle des déités anciennes !

Comme un vain bouclier elle tend sa main frêle
Pour protéger ses fils de l’invincible mort,
Et implore les dieux, le cœur plein de remords,
En voyant le trépas tomber autour d’elle.

C’est pourquoi Niobé, à genoux dans la poussière,
Sur le mont Sipyle, pleurant éternellement,
Contemple le ciel bleu en soupirant pâlement 
Et implore toujours, même devenue pierre.  


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

mercredi 19 octobre 2016

Les fils de Jacob

Les fils de jacob

Giovanni Francesco Barbieri, dit le Guerchin, Les Enfants de Jacob lui montrant la robe ensanglantée de Joseph (v. 1620)


Devant leur vieux père que ses fils tourmentent,
Lui montrant la robe de son fils trépassé,
Pour torturer son bon cœur de battre lassé,
Les enfants de Jacob rient et se lamentent,

Et le père navré de ses larmes mouille,
Se croyant par le sort à gémir condamné,
Et répétant le nom de Joseph bien-aimé,
La tunique chérie qu’un sang de bouc souille !

Chose terrible que la vieillesse qui pleure
Et sur des joues ridées ces larmes qu’on voit choir !
Monstres dont les cheveux et dont les cœurs sont noirs 
Qui d’un frère abhorré comptiez les heures !

La noire Jalousie est la sœur du Mensonge,
Vin brûlant enivrant les esprits et les cœurs,
Poison invincible qui occit les vainqueurs,
Soleil qui réveille, comme un affreux songe,

De son sommeil troublé le dormeur qui médite
Le meurtre ténébreux, la noire trahison !
Ivresse qui fait perdre aux hommes la raison,
En répandant autour d’eux ses vapeurs maudites !

Et c’est la main qui tient la dague dans l’ombre,
C’est la bouche insultant des spectres et des néants,  
C’est, prêt à terrasser, le poing crispé, géant,
Et le sein que gonflent les ténèbres sombres

Comme une tempête les hurlantes voiles,
Qui ressemblent, la nuit, à de vastes linceuls, 
D’un vaisseau qui erre, sans capitaine et seul,
Sous un firmament noir maudit par les étoiles.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

jeudi 21 juillet 2016

Les innocents

les innocents

Enfants, ils ne sont point pour vous, ces grands écueils !
Votre voile, emportée par une douce brise,
Erre, loin des tempêtes et des nuées grises
Et des firmaments mornes et noirs comme le deuil !

Vos pas légers marchent sur l’abîme béant
Que vous ne voyez point, petites têtes roses !
Vous voyez l’aurore reluire dans les choses
Et nous sommes pour vous d’invincibles géants,

Mais c’est vous qui êtes sages et qui êtes grands !
Vos cœurs et vos esprits, blancs comme la neige,
Ignorent la douleur qui souvent nous assiège,
Ô beaux cœurs innocents, beaux esprits ignorants !

Vos yeux sont limpides, le monde vous éblouit,
Vous êtes si petits, et il est si vaste !
De ce monde maudit que le mal dévaste
Vous ne voyez, enfants, que le soleil qui luit !

Vous riez sans cause, vous pleurez sans raison,
Et vous sucrez la mer car elle est trop amère !
Tout est votre père, tout est votre mère, 
Et toutes les maisons sont pour vous la maison !


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

samedi 15 septembre 2012

Les Innocents

Les Innocents


 Gamins à la peau rose,
Dans vos yeux étonnés
J’ai vu de douces choses
Et j’ai vu rayonner

Vos fronts, comme des étoiles
Dans une éternelle nuit,
Comme des aurores pâles
Et le jour qui reluit !

Ô, joyeux et pauvres,
Vous errez sans soucis
En cherchant le havre
Dans les flots noircis,

Et guettant dans les ondes
L’invisible et doux port !
Et la mer profonde
Et souvent sans remords

Vous berce et vous caresse,
Vous sourit, frêles nageurs,
Et avec paresse
Voit vos fronts songeurs !

Quand un adulte passe
Vous baissez timidement
Vos joues qu’il embrasse
Et vos yeux charmants !

Toutes les femmes sont vos mères
Et les vieillards chenus
Sont tous vos grands-pères
Aux visages inconnus ;

Ô, âmes orphelines,
Ô, cœurs doux et radieux,
Enfances divines,
Anges mystérieux !


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

samedi 18 août 2012

Les enfants des pauvres


Les enfants des pauvres


 Demain, l’Aïd emplira les villes
De rayons, de parfums et de couleurs,
Mais vous, dans vos foyers bien tranquilles,
Vous vous cacherez comme des voleurs !

Tout, joyeux, aura l’air de vous maudire,
Et personne ne songera à vous,
Car quelque chose vous empêche de sourire ;
Vêtus de haillons où l’on voit des trous,

Les autres enfants de leurs plus belles parures
Seront vêtus, et vous contempleront
Surpris, alors que tout chante et murmure,
Par la tristesse qu’ils voient sur vos fronts

Et qui vous hante comme un spectre sombre
Hante un manoir lointain et désolé,
Car elle trouve dans vos cœurs assez d’ombre
Pour s’y cacher, pareille aux monstres ailés

Et aux créatures légendaires
Qui dans des antres invisibles aux humains,
Loin des étoiles et des lampadaires
Se cachent, et parfois rugissent soudain !

Ô, pauvres enfants que le Destin oublie,
Victimes de l’indifférence et du sort,
Dont les yeux sont pleins de mélancolie
Et dont les cœurs sont remplis de remords !

C’est une chose obscure, pour vous, que le jeûne
Car vous avez éternellement faim,
Votre misère est vieille et vous êtes jeunes,
Vous gémissez sombrement et sans fin

Et vous dites parfois à vos mères :
« Tout est radieux ! Qu’est-ce qu’il y a dehors 
Et pourquoi êtes-vous sombres et amères ? »
Et elles répondent : « Car vos pères sont morts. »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène