conte:les trois héritiers chanceux
Autres poèmes de "la série Grimm":
Un père, sentant
venir son heure dernière,
Appela ses trois
fils, et sans trop de manières
Donna au premier
un coq, au second une faux
Et au troisième un
chat. « L’argent me fait défaut,
Leur dit-il. Et ma
mort prochaine arrive.
Je refuse que de
mes ultimes souffles elle me prive
Sans vous faire
ces présents qui vous semblent sûrement
Sans valeur, mais
qui, si vous employez durement
Votre
savoir-faire, vous apporteront fortune.
Vous êtes jeunes
et forts. Marcher n’importune
Que les vieux.
Vous serez riches et bienvenus
Dans un pays où
votre objet est inconnu ;
Cherchez-le sans
trêve et votre fortune est faite. »
Le père était
pareil aux antiques prophètes
En murmurant ces
mots à ses jeunes fils chéris.
Malade et n’ayant
jamais été guéri,
Il mourut en peu
de temps, souffrant mais tranquille.
Leur père pleuré,
ses fils sillonnèrent les villes
Comme il leur
prescrivit, pour fortune y chercher.
Dans toutes les
campagnes et au sommet des clochers
L’aîné voyait son
coq ; nul ne levait la tête,
Hélas ! pour
admirer sa futile bête,
Et de s’enrichir
le jeune homme désespérait.
Mais il ne se
lassa pas, et toujours il errait
Et arriva enfin
dans une étrange île
Dont les braves
habitants étaient trop malhabiles
Pour diviser le
temps, et dont seulement certains
En allant aux
champs se levaient de bon matin.
Il leur dit : « L’aurore
et la nuit vous leurrent,
Voyez cet animal
prodigieux qui sait l’heure
Qu’il est, et qui
chante pour vous réveiller. »
Et ces braves
gaillards furent émerveillés
De l’entendre chanter
aux lueurs de l’aurore.
Ils s’écrièrent :
« De nous le vendre on t’implore !
Quel est ton prix ?
Dis-le-nous, jeune étranger ! »
L’aîné dit : « Il
m’en faut en or de quoi charger
Un âne. » Et
l’affaire leur semblant fort belle,
Ils s’écrièrent
que ce n’était que bagatelle
Et s’empressèrent
de le payer bonnement.
Les deux cadets
furent remplis d’étonnement,
Voyant de leur
aîné la richesse soudaine
Alors que leur
errance fut jusque-là vaine.
Le second,
redoublant d’ardeur et plein de foi,
Sur les routes partit
une deuxième fois
Muni de sa faux,
et eut beaucoup de peine
En voyant que la
terre en était toute pleine.
Il arriva enfin,
de sa fortune peu sûr,
A une contrée où,
quand le blé était mûr,
On pointait des
pièces de canon, à toute volée
Tirant sur les
champs comme une belliqueuse mêlée.
Les laboureurs
étaient en rage, pleins de dépit
Quand au lieu des
chaumes ils frappaient les épis,
Emplissant toute
la ville, par Cérès maudite,
D’insupportables
bruits. Le voyant faucher vite
Et tranquillement
le blé, au jeune aventurier
Ils demandèrent s’il
ne serait pas contrarié
De vendre sa faux
à la contrée salutaire.
Il feignit de
songer et les vit se taire
Mais leurs yeux
vifs semblaient lui demander : « Alors ? »
Et il eut un
cheval appesanti de l’or
De ces braves
paysans, et revint voir ses frères.
Le troisième, croyant
en son prophétique père,
Partit comme ses
deux aînés, et il marcha
Dix jours, mais il
ne put tirer parti du chat
Qui lui fut donné
comme unique héritage.
Il arriva enfin à
un lointain village
Où nul n’avait
jamais vu un chat. Les souris
Y élurent foyer.
Les maisons, les champs fleuris,
Toutes les terres,
toutes les rues en furent infestées.
Le chat nettoya de
ces bêtes détestées
Deux maisons de
seigneurs, et en si peu de temps
Que ces derniers
en furent stupéfaits et contents
Et lui achetèrent
son chat, chasseur formidable,
Pour leur bien et
le bien de leurs semblables,
Et le cadet revint
à ses frères étonnés
De le voir encore
plus riche que ses deux aînés.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
jeudi 2 janvier 2014
Conte: les trois héritiers chanceux
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