conte: le festin céleste
Autres poèmes de "la série Grimm":
Un petit paysan très
pauvre, au cœur plein de foi,
Entendit à l’église
le prêtre dire une fois
Qu’il fallait
marcher droit pour trouver la route
Du Paradis. N’ayant
point le moindre doute
Sur la sincérité
de cet homme qui l’éblouit,
Il partit en
voyage, allant droit devant lui
Par monts et vaux,
cherchant avec innocence
Le Royaume de Dieu
aux éternelles jouissances.
Il ne se
détournait point, depuis le matin
Marchant sans s’arrêter,
rêveur et presque hautain,
Cherchant un phare
dans l’immensité sombre.
Mais ce n’est qu’un
gamin ; quand la nuit emplit d’ombre
Le ciel, il était
las et était affamé,
Ses pieds très
rouges et son cœur moins enflammé.
Il arriva enfin à
une petite ville
Qui était fort
belle, bucolique et tranquille,
Et vit une
radieuse église célébrant
Le service divin.
L’enfant itinérant
En était tellement
ébloui qu’il crut être
Au Paradis. A la
fin de l’office, un prêtre
Lui dit durement
de s’en aller. Mais obstiné
Il répondit à ce
sacristain étonné :
« Non, je ne
sors pas ! Je suis au ciel et j’y reste ! »
Et ce dernier alla
en alerter, preste,
Le curé, qui était
un homme bon et doux.
« S’il se
croit au ciel, il faut l’y laisser ! Mais d’où
Lui vient cette
idée pieuse et étrange ?
A-t-il vu un
apôtre, a-t-il vu un ange ? »
Dit-il, et alla
voir l’enfant émerveillé
A qui il demanda s’il
voulait travailler.
Le petit dont la
vie était déjà fort rude
Répondit que
oui, qu’il en avait l’habitude,
Mais qu’il ne
voulait pas sortir du Paradis.
Ému par son
souhait, le curé l’entendit
Et il décida de le
laisser dans l’église.
Il y vit maints
fidèles, aux têtes blondes et grises,
Adorer à genoux une
statue en bois
De l’enfant Jésus,
et crut ce qu’un enfant croit :
Que c’était le bon
Dieu. Il dit à cette image :
« Que tu es
maigre, ô, Dieu ! C’est bien dommage
Que ces gens-là ne
te donnent pas à manger
Alors qu’ils passent
leur temps à te louanger ;
Je partagerai mon
pain avec toi. Je t’en donne,
Tiens Dieu, mange. »
Une voix qui semblait douce et bonne
Lui dit : « Donne
aux pauvres gens que la faim maigrit,
Quand tu les
nourriras, moi je serai nourri. »
Devant l’église,
une pauvre vieille mendiante
A tous ceux qui
passaient montrant sa main tremblante,
Demandait l’aumône
au nom de tous les saints.
Le petit lui donna
la moitié de son pain
Et en regardant la
statue la vit sourire.
Pendant un mois,
chaque jour, les moines le virent
Cacher dans ses
poches un peu de son repas.
Il demeurait muet
et ne répondait pas
Quand ils lui
demandaient ce qu’il allait en faire.
Et leurs questions
futiles semblaient lui déplaire.
Quelque temps
après le petit enfant pâlit,
Et pendant huit
jours ne sortit pas de son lit.
Dès qu’il put se
lever, bien qu’il fût malade,
Aux pieds de la
statue éploré et maussade,
Il vint s’agenouiller
et il pria ainsi :
« Mon Dieu,
excuse-moi d’être resté ici
Et de ne pas t’avoir
nourri. J’avais la fièvre
Et je pouvais à
peine remuer mes lèvres
Pour te demander
ton pardon. » Le doux curé,
Qui entendit l’enfant
prier, allait pleurer,
Mais il le vit
sourire et finir sa prière.
Quand il lui
demanda pourquoi, il dit : « Mon père,
L’enfant Jésus m’a
dit, le cœur plein de bonté :
Ne pleure pas, j’ai
vu ta noble volonté
Et cela me suffit.
Nous irons ensemble
Au festin céleste
où Dieu lui-même rassemble
Les âmes les plus
pures. Pour tes généreux pains,
Je t’emmènerai
avec moi dimanche prochain. »
Le prêtre pensa
que Dieu lui donna l’ordre
De communier l’enfant,
et sans plus attendre
Il le prépara à ce
grand évènement.
L’enfant vint au
divin service, souriant doucement ;
Mais au moment de
la communion, quand le prêtre
Allait donner l’hostie
à ce petit être,
Dieu le rappela à
lui – c’était son destin –
Et il le fit
asseoir au céleste festin.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2091.
vendredi 27 décembre 2013
Conte : le festin céleste
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