lundi 30 décembre 2013

Conte: le paysan et le diable

conte: le paysan et le diable


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Il y avait une fois un paysan fort rusé
Dont maints hommes et femmes, de ses tours amusés,
Racontaient la malice devenue proverbiale.
Le diable lui-même par ses ruses déloyales
Fut, comme vous allez le voir, aussi séduit.

Il se disposait, un soir, à rentrer chez lui
Après une journée de labeur fort rude
Mais dont le brave paysan avait l’habitude.
Il aperçut soudain, au milieu des sillons,
Un étrange bonhomme, revêtu de haillons,
Assis sur des braises reluisant dans l’ombre.
S’en approchant il vit un petit diable sombre
Qui était maigre et chauve. Malgré son étonnement
Il lui dit : « Sous ces braises rouges, tu dois vraiment
Cacher quelque chose d’important, le diable ! 
Il me semble que c’est un trésor, enviable
Pour que tu le caches ainsi à nos regards. »
« Tu es malin, paysan. Dit le lutin hagard,
J’ai caché mon trésor dans cette terre profonde
Et il contient plus d’or qu’en venant au monde
Tu n’en as vu. » « Il est dans mon champ, ce trésor !
Et, parbleu, il est à moi ! De ma terre sors
Ou, tout diable que tu es et désinvolte,
Tu le regretteras.» Dit le paysan. « Ta récolte
Tu la partageras avec moi. Dans deux ans
Ce trésor est à toi. Qu’en dis-tu, le paysan ? 
Je suis fort riche, mais je veux bien, par le tonnerre !
Posséder quelques fruits de la bonne terre.
Repartit le diable. Ne viens point le chercher,
Tu ne le trouveras point. » Acceptant le marché,
Le paysan ajouta : « Pour qu’il n’y ait nulle querelle
Lors du partage, à cause des sauterelles
Ou d’un autre hasard, pactisons. Tu auras
Ce qui sur terre poussera. Et ce que contiendra
Le sol sera à moi. » La mine fangeuse,
Croyant sans doute cette affaire avantageuse,
Le diable souscrivit à ces conditions-là.
Mais le matois rusé en souriant alla
Semer son champ de raves. La récolte arrivée,
Le diable vint pour jouir des fruits de la corvée
Du paysan laborieux qui travailla durement.
Mais il ne trouva, en soupirant furieusement,
Que des feuilles jaunes et flétries. Le brave
Paysan déterra tout joyeux ses raves.
« L’avantage a été pour toi cette fois-ci,
Dit le diable. Mais quand je reviendrai ici
A la prochaine récolte, j’entends que m’appartienne
 Ce qui sera sous terre, et ce que contiennent
Les sillons soit à toi. Alors, acceptes-tu ? »
Le paysan dont la ruse était la seule vertu
Eut l’air de réfléchir et feignit de le faire,
Et au petit diable sembla bien téméraire
En acceptant soudain sa proposition,
Ce qu’en vérité il fit sans hésitation.
Quand fut venu enfin le temps des semailles,
Le malicieux compère, étant une vraie canaille,
Alla semer, non plus des raves, mais du froment.
La moisson étant mûre, il alla promptement
Des épis bien gonflés couper les tiges dorées.
Quand le diable arriva enfin, l’âme dévorée
De rage, il ne trouva, ô, suprême dérision !
Que des racines et des pailles. Dans sa confusion
Il laissa son trésor, et fou et magnanime,
Il alla se cacher au fond d’un abîme.
Ramassant le trésor, le paysan dit, goguenard :
« Diables ou hommes, c’est ainsi qu’on berne les renards. »
 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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