mardi 24 décembre 2013

Vie de sainte Odile (Neuvième partie)

Vie de sainte Odile (neuvième partie)
Première partie
Deuxième partie 
Troisième partie 
Quatrième partie  
Cinquième partie 
Sixième partie 
Septième partie 
Huitième partie 

IX 


Au pied de son couvent fondant un hôpital
Pour guérir les malades aux gémissements fatals,
Tous les jours Odile, en robe de laine blanche,
Pareille à l’hirondelle qui quitte sa branche,
Descendait du couvent, allant au bas moustier,
Et, de la charité faisant son doux métier,
Elle soignait elle-même et consolait ses malades,
Et quand l’un d’eux souffrait, éplorée et maussade,
Elle passait la nuit à prier Dieu pour lui.
Adorant cet ange du ciel, le peuple ébloui
Racontait maints miracles de la sainte Dame ;
Une fois, dit-on, elle rencontra un moine blême
Et qui mourait de soif. De son bâton touchant
Le roc, le caressant et sur lui se penchant,
Il en jaillit une eau bienfaisante et claire
Qui guérit les lépreux et les atrabilaires.

En ce temps, Atalric, blessé, vint à mourir.
Odile le pleura et elle le vit souffrir
A cause de ses crimes, dans le purgatoire,
Rongé par les flammes, suivi par les âmes noires
De tous ceux qu’il avait tués. Odile en pleurs
Ressentit pour son père une immense douleur,
Et malgré ses péchés, à gémir condamnée,
Elle pria pour lui des nuits et des années.
Elle disait : « Seigneur, vous dont la compassion
Est infinie, de la ténébreuse perdition
Sauvez mon père, certes coupable, qui irrite
Le ciel, mais qui s’était repenti et mérite
Votre pardon, ô, dieu éternel et clément !
Ô, voyez mes pleurs et oyez mes gémissements,
Et souffrez que votre serviteuse fidèle
Pleure à vos pieds, et que ses soupirs s’envolent
Jusqu’à vous, se mêlant au parfum des encens,
Pour attendrir votre cœur, Seigneur tout-puissant ! »
Une nuit qu’Odile priait de la sorte,
Elle vit une vive lueur, et une voix forte
Lui dit : « Tes prières de ses fautes l’ont lavé ;
Ne pleure plus ton père chéri, il est sauvé. »
« Ne me réveillez pas ! J'étais si heureuse ! »
Dit Odile aux sœurs qui la trouvèrent en extase,
A genoux et presque sans vie. Pleurant doucement,
Elle sourit et ferma ses deux yeux charmants
Et en bénissant Dieu, elle rendit l’âme.
Dans le firmament on vit reluire une flamme
Et un parfum plus doux que le parfum des lis
Se répandit dans le mont altier qui pâlit
En voyant mourir sa céleste maîtresse.

Jusqu’à aujourd’hui, ce parfum béni caresse
Les voyageurs, quand ils passent dans ces saints lieux,
Et l’on dit que c’est l’âme d’Odile revenant des cieux.


[FIN]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 
 

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