Vie de sainte Odile (Sixième partie)

Vie de sainte Odile (sixième partie) Première partie Deuxième partie  Troisième partie  Quatrième partie   Cinquième partie  VI   Atalric rentra en lui-même. Il dut sentir L’horreur de son crime ; en signe de repentir, Il fit venir à son castel sa fille charmante. Âme candide et pure que le Mal tourmente, Elle pleurait, la pauvre jeune fille, en pensant A son frère défunt, à son frère innocent Tué par un père cruel, mort à cause d’elle ! Un essaim de vautours, voulant cette hirondelle, Apparurent, rêvant de sa main, fiers, ardents. Mais elle repoussa tous ses vains prétendants Et ne songeait qu’à son vaillant et pauvre frère. « Mais cette enfant ne sait que dire des prières ! » S’écria le duc, qui décida promptement De lui faire épouser un prince aléman. Instruite par cette même serve fidèle A sa mère, de ce que son père voulait faire d’elle, Elle l’abhorra. Le cœur triste et affligé Mais bravant les hasards et les sombres dangers, Odile s’échappa à la nuit tombante Du castel de son père, habillée en mendiante. Fuyant ce duc maudit dont le cœur est d’airain, Elle traversa la plaine et elle passa le Rhin Et s’en alla jusqu’aux montagnes prochaines Dans la barque d’un brave pêcheur. Brisant ses chaînes, Elle était brisée de fatigue. Elle arriva A cette forêt où nul voyageur seul ne va Qu’on appelle Forêt-Noire. Derrière elle, le vacarme Du galop des chevaux et du cliquetis des armes Grandissait. Elle comprit que son père acharné, Trahi par son fils et par sa fille berné, Avec le prince dont elle devait être la femme, A la tête d’une troupe de vassaux infâmes Etait venu, dans ces bois sombres la chercher. Elle voulut, la pauvre enfant ! pour sa cacher Gravir la montagne, mais tomba épuisée Et comme par une foudre du ciel embrasée. Saisie de désespoir, faible et chétive, Mais pleine d’une foi formidable et vive, Calme, sans gémir de son sort et sans crier, Elle étendit ses bras vers le ciel pour prier.    [A SUIVRE]         Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène