mardi 17 décembre 2013

Vie de sainte Odile (Deuxième partie)

Vie de sainte Odile (Deuxième partie)
Première partie
II
 
 
La belle Bérhésinde, avec des propos doux,
Essaya d’apaiser le terrible courroux
De l’implacable duc. Elle lui dit : « Maître !
Ayez pitié de cette enfant qui vient de naître !
Regardez-la, elle est si douce ! Elle ne sait pas
Ce qu’est la vie, elle ignore le trépas !
Elle est aveugle mais rêve des caresses d’un père,
Elle entend votre voix et son cœur espère
Qu’elle sera consolée et qu’elle la bercera !
Elle grandira un jour et elle vous sera
Fidèle et loyale, elle vous sera dévote ;
Elle est aveugle mais ce n’est point de sa faute,
C’est votre chair et c’est votre sang, ô, seigneur !
Vous lui décrirez les aurores et les lueurs,
Les printemps bénis et les douces verdures !
Songez enfin que Dieu, qui sait ce qu’on endure,
Eprouve notre foi, que cette fille est son don,
Au fils de Timée et à l’enfant de Sidon !
Grâce, ô, maître ! pour cette innocente victime
Qui semble implorer votre cœur magnanime
D’épargner sa vie, pour vous dire qu’elle vous chérit ! »

Même un roc inhumain eût été attendri
En entendant les mots de cette mère en larmes
Qui priait, prosternée, avec tant d’alarmes,
Un père d’épargner sa fille devant son berceau.
Ces mots eussent déchiré son cœur en mille morceaux,
S’il en avait ! Mais le sombre duc, impassible,
S’écria : « Assez, femme ! Il m’est impossible
D’élever cette enfant, et j’en suis déjà las.
Choisis : fais-la tuer ou abandonne-la. »
L’âme de Bérhésinde de terreur fut emplie.
« Emporte-la assez loin pour que je l’oublie. »
Reprit ce père maudit. Malgré ses tremblements,
La mère se souvint soudain en ce moment
D’une serve fidèle. Elle lui remit l’innocente,
Et elle la supplia pour qu’elle consente,
Connaissant le cruel duc, d’aller la porter
Sans que nul humain n’en soit jamais alerté
Et le fasse savoir à son père pour qu’il la gagne,
Au couvent de Baume-les-Dames, en Bourgogne.

[A SUIVRE] 
 
 
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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