vendredi 20 décembre 2013

Vie de sainte Odile (Cinquième partie)

Vie de sainte Odile (Cinquième partie)
Première partie
Deuxième partie 
Troisième partie 
Quatrième partie  


V


Le duc s’écria, blême de rage : « qui l’ose appeler
Sans que je n’en donne l’ordre, osant se rebeller
Contre moi ? Il est ou trop brave ou trop bête ;
Que ce fou parle, il va bientôt perdre la tête,
Alors, qui d’entre vous osa la faire venir ? »
L’effroi glaça les cœurs ; il semblait retenir
Les langues, d’habitude si loquaces, dans les bouches,
Et rien ne répondit à ce duc farouche.
Seul Hugues dit, prenant son courage à deux mains : 
« Je croyais qu’Odile arriverait demain
Et j’allais vous prévenir, seigneur, de sa venue.
En la voyant, le père en vous l’a reconnue,
Car c’est votre fille ; grâce pour elle ! Pitié
Pour une damnée, objet de votre inimitié !
C’est moi qui fis venir Odile à l’âme amère
Qui ne mérite point de vivre en telle misère
Qui la déshonore et qui déshonore son sang. »
A ces mots qui, pour ce Franc cruel et puissant,
Etaient une rébellion, violent comme l’orage,
Il prit son sceptre et frappa avec rage
Son fils qui, affreusement blessé, en tomba mort.

Inaccoutumé aux douleurs et aux remords,
Atalric, effrayé cependant de son crime,
En eut horreur comme d’un ténébreux abîme.
Il hurla : « Mon fils, tu ne m’as point obéi !
Pourquoi es-tu mort ? Je suis seul et je vieillis
Et tu étais mon seul héritier ! Mon diadème
Devait être porté, ô, malheur suprême !
Par toi, mon Hugues ! Fils arrogant et fougueux !
Réveille-toi ! Reviens-moi ! Je ne veux pas qu’un gueux
Hérite de mes biens, et qu’il te remplace !
Je tuerai, s’il le faut, toute la populace
Mais reviens ! Pourquoi ne m’as-tu pas écouté ?
Je t’aimais, moi, ingrat ! Et tu t’en es douté !
Et vous, que regardez-vous, sombres vermines ?
Vous plaît-il de voir un père que la douleur mine ?
Reculez, ou bien je vous tue tous sur-le-champ ! »
Connaissant son courroux et ses sombres penchants,
Tous, gardes et vassaux, en l’entendant reculèrent
De peur de périr, eux aussi, par sa colère.

[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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