CONTE: LA SOUPE AUX PIERRES (PARTIE Vi)
VI. Ce que le Seigneur fit pour se venger de Marie,
et comment sa sœur Anne lui fut charitable malgré ses mauvaises actions
Le Seigneur s’en alla, en manant
déguisé,
Châtier la sombre sœur dont il fut
méprisé
Qu’il frappa de mille terribles désastres
Pour punir son orgueil haut comme les
astres.
Anne pleurait, le cœur plein de douce
bonté,
Mais de Dieu ne pouvait changer la
volonté.
On criait au secours, de grands cris
résonnaient,
Pour annoncer le feu les cloches qui
sonnaient
Rendaient des bruits affreux ; la
flamme grandissait
Qu’on ne pouvait éteindre, et on la
maudissait.
Tous les braves efforts étaient
inutiles,
Et on vit tout à coup, éphémère et
futile,
La maison de Marie s’écrouler
maussadement
Comme un fauve blessé poussant un
grondement.
La vengeance de Dieu accomplie, à Marie
Quand s’éteignit enfin cette flamme en
furie,
Il ne restait plus rien, ni chevaux, ni
moutons,
Ni bœufs, et ses enfants bien nourris et
gloutons
Devinrent tout à coup les plus pauvres
hères,
Et tous réduits à la plus grande misère,
Personne ne voulut chez soi les
recevoir,
Les aider ou faire son chrétien devoir
Car personne n’aimait la mère sans
doute.
En montrant ses mains vides elle errait
sur les routes
Et disait à tous : « S’il
vous plaît, la charité ! »
Mais on la punissait avec sévérité
Et l’ignorait pour sa méchanceté passée.
Triste cependant et de la marche lassée,
Elle arriva un jour au foyer de sa sœur
Et l’implora avec contrition et douceur :
« Anne, ma bonne sœur ! Je n’ai
plus de demeure
Et mes pauvres enfants affamés se
meurent.
Au nom du Tout-Puissant, daigne me pardonner
Et un morceau de pain seulement me
donner. »
« Sans doute, ma chère, dit la
douce Anne, entre. »
Pour guérir la faim qui lui tordait le
ventre,
Anne lui donna, sans songer à la
châtier,
De la viande, du vin et un pain tout
entier.
« Mange, mange, Marie, ma sœur, lui
disait-elle.
Où sont donc tes enfants ? » « Hélas !
La faim mortelle,
Lui répondit Marie, les a tous emportés. »
« Pauvre sœur ! Mais est-ce la
faim ou la fierté
Qui t’a poussée à me mentir de la sorte ? »
« J’ai été méchante et t’ai fermé
ma porte
Et j’ai voulu, ma sœur, te faire ainsi
pitié,
Car je craignais de toi la même
inimitié. »
« De cette ruse tu n’as point
besoin ; reste,
Tu oublieras ici tes anciens jours
funestes,
Et puisque je suis riche t’invite à
demeurer. »
Pour la première fois Anne la vit pleurer,
Elle accepta son offre et resta chez
elle
Et s’occupa de ses enfants avec zèle,
Comme s’ils étaient les siens, les
aimant doucement
Jusqu’à sa mort qui vint, à son
vieillissement,
Frapper à la porte et courtoisement
attendre
Et sourire aux deux sœurs d’une manière
tendre.
[FIN DU CONTE: LA SOUPE AUX PIERRES]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2163.
mercredi 1 juillet 2015
Conte: La soupe aux pierres (Partie VI)
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