jeudi 2 juillet 2015

Conte: La bonne servante (Partie I)

CONTE: la bonne servante (PARTIE I)

I. Le prodige qui sauva Ange de la colère du roi, et la mystérieuse voix qu’elle entendit à l’église

Jadis une bonne et petite servante
Qui à aider les pauvres était toujours fervente
Servait un roi méchant et qui les détestait
Et pour qu’on les chassât de sa cour insistait.
Ange, notre servante, malgré sa défense,
– Ce que le roi eût pris pour une sombre offense –
Leur portait tous les jours de la viande et du pain,
Et tous les miséreux lui embrassaient la main
Et ils levaient leurs mains décharnées et frêles
Au firmament, afin de prier pour elle.
Un matin que Ange qui du palais sortait
Comme d’habitude des provisions portait
Aux pauvres, elle aperçut le roi redoutable
Qui lui demanda : « Qu’as-tu pris de ma table ?
Où vas-tu ainsi en te faisant oublier ?
Tu me caches quelque chose en ton tablier ;
Qu’est-ce que c’est, Ange ? Ta conduite est honteuse,
Ouvre ton tablier, petite menteuse. »
La servante tremblait et changeait de couleur ;
Son tablier était rempli de douces fleurs
Quand elle l’ouvrit, au lieu des royaux vivres.
« C’est bien, lui dit le roi, il faut toujours suivre
Mes commandements, et aux manants ne rien offrir
Car ils sont fourbes et ils font semblant de souffrir. »
Quand le roi fut parti, Ange vit, étonnée,
Car elle s’attendait à être bâtonnée,
Les fleurs redevenir pain et viande. Sans tarder,
La petite Ange alla bientôt se hasarder
A les distribuer à des pauvres hères
Qui l’attendaient, rongés par la noire misère.

Un jour qu’elle faisait son pain, elle entendit
La cloche du village, se signa, attendit
Puis pensa : « Le four n’est pas assez chaud encore ;
Pour le roi cette heure-ci c’est son aurore.
Je vais laisser ce pain ici et retourner
Après avoir prié, afin de l’enfourner. »
Ange alla à l’église, alluma un cierge
Et s’agenouilla près de la sainte Vierge
En la priant avec une telle ferveur
Que la nuit arriva sans que son œil rêveur
Ne la vît. En tremblant avec épouvante
Et comme réveillée, la pauvre servante
Voulut partir, craignant la colère du roi.
Elle entendit une voix calmer son effroi :
« Ange, sainte fille, le roi que tu irrites
Te récompensera comme tu le mérites
Un jour. Maintenant pars et ne crains nul hasard. »
Et Ange s’en alla, car il était bien tard.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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