jeudi 25 juin 2015

Conte: La soupe aux pierres (Partie I)

CONTE: la soupe aux pierres (PARTIE I)

I. Ce que fit la méchante Marie quand elle découvrit comment sa pauvre sœur Anne nourrissait ses enfants


Notes lexicales: 
-Coppula: moitié d'un pain bis
-Paniolu: (diminutif): petit pain

Il y avait deux sœurs, l’une pauvre et l’autre riche.
La pauvre, Anne, avait six enfants dans sa bourriche,
Et un jour elle dit à sa méchante sœur
Qui s’appelait Marie, riche et au sombre cœur :
« Donne-moi, sœur, un coppula. La faim ronge
Mon corps et mes enfants, frêles comme des songes. »
Mais au lieu de montrer un peu de charité,
Sa sœur lui répondit avec sévérité :
« Si tu veux manger du pain, viens le mien faire. »
La malheureuse, trop affamée pour déplaire,
Accepta, le cœur pour ses enfants résolu.
On lui donna chaque jour un paniolu
En échange, ce qui était bien futile
Et pour qu’elle nourrît sa famille inutile.
Pour nourrir ses petits, la pauvre Anne revenait
En plus du maigre pain rassis qu’on lui donnait
Avec ses mains chargées de pâte ; alors elle
Les lavait bien dans l’eau, la digne damoiselle,
Et en faisait une bouillie qui nourrissait
Ses enfants que de leur faim elle guérissait ;
Ils en devinrent frais et chaque jour plus rose.
Marie, la méchante sœur, jalouse et morose,
Voyait ses enfants, comme s’ils étaient ses captifs,
Devenir de plus en plus malingres et chétifs.
On s’écria en les voyant passer : « Bigre !
Ah ! les pauvres petits ! Qu’ils sont laids et maigres ! »
« Mais comment, pensa-t-elle, sont-ils si beaux et gras ?
Ils ne mangent que peu, et les miens sont ingrats
Alors qu’ils mangent bien et avec gourmandise !
Quel est son secret ? Il faut qu’on me le dise ! »
Marie, qui brûlait d’en connaître la raison,
Quand Anne besognait, alla à sa maison.
Elle demanda à sa nièce contente :
« Avez-vous déjeuné ce matin ? » « Oui, ma tante. »
Répondit la fillette au sourire ingénu
Qui rayonnait doucement comme un charbon flénu.
« Qu’avez-vous mangé ? Rien ne berce mes narines. »
« De la bouillie. » « Pour qu’elle ait assez de farine
Qu’a fait votre mère, et où en a-t-elle pris ?
On la vend, de nos jours, à un onéreux prix. »
« Notre bonne mère de rien ne nous prive,
Ajouta la fillette, tous les jours elle arrive
Les mains toutes blanches, et elle les lave dans l’eau
Qu’elle met sur le feu. » « Ah ! cela est bien beau !
Pensa Marie, je vois que ma sœur est rusée !
Mais elle ne sera pas longtemps amusée
De manger à mes frais et d’ainsi me braver. »
Et elle obligea sa pauvre sœur de laver
Ses mains avant qu’elle ne revînt chez elle
Sans que sa pauvreté ne modérât son zèle.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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