CONTE: la soupe aux pierres (PARTIE I)
I. Ce que fit la méchante Marie quand elle découvrit
comment sa pauvre sœur Anne nourrissait ses enfants
Notes lexicales:
-Coppula: moitié d'un pain bis
-Paniolu: (diminutif): petit pain
Il y avait deux sœurs, l’une pauvre et
l’autre riche.
La pauvre, Anne, avait six enfants dans
sa bourriche,
Et un jour elle dit à sa méchante sœur
Qui s’appelait Marie, riche et au sombre
cœur :
« Donne-moi, sœur, un coppula. La
faim ronge
Mon corps et mes enfants, frêles comme
des songes. »
Mais au lieu de montrer un peu de
charité,
Sa sœur lui répondit avec
sévérité :
« Si tu veux manger du pain, viens
le mien faire. »
La malheureuse, trop affamée pour
déplaire,
Accepta, le cœur pour ses enfants
résolu.
On lui donna chaque jour un paniolu
En échange, ce qui était bien futile
Et pour qu’elle nourrît sa famille
inutile.
Pour nourrir ses petits, la pauvre Anne
revenait
En plus du maigre pain rassis qu’on lui
donnait
Avec ses mains chargées de pâte ;
alors elle
Les lavait bien dans l’eau, la digne
damoiselle,
Et en faisait une bouillie qui
nourrissait
Ses enfants que de leur faim elle guérissait ;
Ils en devinrent frais et chaque jour
plus rose.
Marie, la méchante sœur, jalouse et
morose,
Voyait ses enfants, comme s’ils étaient
ses captifs,
Devenir de plus en plus malingres et chétifs.
On s’écria en les voyant passer : « Bigre !
Ah ! les pauvres petits ! Qu’ils
sont laids et maigres ! »
« Mais comment, pensa-t-elle,
sont-ils si beaux et gras ?
Ils ne mangent que peu, et les miens
sont ingrats
Alors qu’ils mangent bien et avec
gourmandise !
Quel est son secret ? Il faut qu’on
me le dise ! »
Marie, qui brûlait d’en connaître la
raison,
Quand Anne besognait, alla à sa maison.
Elle demanda à sa nièce contente :
« Avez-vous déjeuné ce matin ? »
« Oui, ma tante. »
Répondit la fillette au sourire ingénu
Qui rayonnait doucement comme un charbon
flénu.
« Qu’avez-vous mangé ? Rien
ne berce mes narines. »
« De la bouillie. » « Pour
qu’elle ait assez de farine
Qu’a fait votre mère, et où en a-t-elle
pris ?
On la vend, de nos jours, à un onéreux
prix. »
« Notre bonne mère de rien ne nous
prive,
Ajouta la fillette, tous les jours elle
arrive
Les mains toutes blanches, et elle les
lave dans l’eau
Qu’elle met sur le feu. » « Ah !
cela est bien beau !
Pensa Marie, je vois que ma sœur est
rusée !
Mais elle ne sera pas longtemps amusée
De manger à mes frais et d’ainsi me
braver. »
Et elle obligea sa pauvre sœur de laver
Ses mains avant qu’elle ne revînt chez
elle
Sans que sa pauvreté ne modérât son
zèle.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2162.
jeudi 25 juin 2015
Conte: La soupe aux pierres (Partie I)
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