CONTE: LA SOUPE AUX PIERRES (PARTIE V)
V. Comment le mendiant vint en aide à Anne et ses
enfants, et qui il était en vérité
Quand le mendiant ôta le couvercle
pesant
Il s’écria : « Oh !
La belle viande ! » en disant
A Anne qu’elle allait pour deux jours
suffire.
Il en prit trois morceaux qu’avec un
doux sourire
Il montra aux enfants qui demandaient,
contents :
« La viande est-elle cuite ? On
l’attendit longtemps ! »
Le mendiant répondit : « Oui,
elle est bien cuite.
Anne, apportez-moi pain et vin tout de
suite. »
Encore étonnée de ce prodige produit,
Anne obéit, et à la cave du réduit
Qu’elle croyait et qui était pourtant
vide
Et comme le front d’un trépassé livide,
Trouva dans l’armoire du beau pain
succulent
Ainsi que trois tonneaux pleins d’un vin
excellent.
« Alors, vous n’avez rien, Anne, ma
chère hôtesse ? »
Dit le voyageur en joie changeant sa tristesse,
Et Anne n’en pouvait croire ses yeux
éblouis
Et contemplait le pauvre hère en
tremblant de lui.
On mangea et on but gaîment et comme
quatre.
Vers la fin le mendiant, assis devant l’âtre,
Voulut du fromage comme dernier régal.
Anne en trouva, frais, un délice sans
égal,
Ainsi que du cochon et mille autre
vivres.
La mère et ses enfants de joie étaient
ivres :
« Quel bonheur ! Regardez
toutes ces provisions ! »
« Je vois que vous m’avez tourné en
dérision,
Dit le mendiant, et vous avez menti,
Anne. »
« Je vous jure par Dieu que toute cette
manne
N’existait pas avant, et ces douces
saveurs
Sont un miracle qu’il fit en notre
faveur.
Je n’aurais refusé à nulle créature
De l’eau, du repos et de la nourriture,
Si je l’avais su, et je loue notre
Seigneur
Qui est de tous les maux le plus adroit
soigneur. »
Le mendiant reprit : « Oui,
j’ai fait ce miracle
Car aux bons je suis bon, tel est mon
oracle.
Je t’ai sauvée et tes pauvres fils de la
mort,
Mais ta sœur, qui porte mal son nom, de
remords
Aura le cœur plein, car elle est bien
méchante,
Et il faut que je la châtie et
épouvante. »
« Seigneur, dit la bonne Anne en
tremblant, à genoux,
Soyez béni d’avoir eu pitié de nous !
Mais ne faites point de mal à ma sœur
pécheresse,
Je lui pardonne et ne suis point
vengeresse. »
« Je vais récompenser encore ton
bon cœur
Qui est pur, généreux, pieux et sans rancœur :
Vos provisions seront, je le veux,
éternelles.
Mais je vais humilier ta sœur criminelle
En brûlant ces moissons ainsi que sa
maison
Et tuant ses troupeaux qui mourront sans
raison
Autre que son cœur noir et qui te
déteste.
Adieu ; sois bénie, Anne, et comme
tu es reste. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2163.
mardi 30 juin 2015
Conte: La soupe aux pierres (Partie V)
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