mardi 30 juin 2015

Conte: La soupe aux pierres (Partie V)

CONTE: LA SOUPE AUX PIERRES (PARTIE V)


V. Comment le mendiant vint en aide à Anne et ses enfants, et qui il était en vérité

Quand le mendiant ôta le couvercle pesant
Il s’écria : « Oh ! La belle viande ! » en disant
A Anne qu’elle allait pour deux jours suffire.
Il en prit trois morceaux qu’avec un doux sourire
Il montra aux enfants qui demandaient, contents :
« La viande est-elle cuite ? On l’attendit longtemps ! »
Le mendiant répondit : « Oui, elle est bien cuite.
Anne, apportez-moi pain et vin tout de suite. »
Encore étonnée de ce prodige produit,
Anne obéit, et à la cave du réduit
Qu’elle croyait et qui était pourtant vide
Et comme le front d’un trépassé livide,
Trouva dans l’armoire du beau pain succulent
Ainsi que trois tonneaux pleins d’un vin excellent.
« Alors, vous n’avez rien, Anne, ma chère hôtesse ? »
Dit le voyageur en joie changeant sa tristesse,
Et Anne n’en pouvait croire ses yeux éblouis
Et contemplait le pauvre hère en tremblant de lui.
On mangea et on but gaîment et comme quatre.
Vers la fin le mendiant, assis devant l’âtre,
Voulut du fromage comme dernier régal.
Anne en trouva, frais, un délice sans égal,
Ainsi que du cochon et mille autre vivres.
La mère et ses enfants de joie étaient ivres :
« Quel bonheur ! Regardez toutes ces provisions ! »
« Je vois que vous m’avez tourné en dérision,
Dit le mendiant, et vous avez menti, Anne. »
« Je vous jure par Dieu que toute cette manne
N’existait pas avant, et ces douces saveurs
Sont un miracle qu’il fit en notre faveur.
Je n’aurais refusé à nulle créature
De l’eau, du repos et de la nourriture,
Si je l’avais su, et je loue notre Seigneur
Qui est de tous les maux le plus adroit soigneur. »
Le mendiant reprit : « Oui, j’ai fait ce miracle
Car aux bons je suis bon, tel est mon oracle.
Je t’ai sauvée et tes pauvres fils de la mort,
Mais ta sœur, qui porte mal son nom, de remords
Aura le cœur plein, car elle est bien méchante,
Et il faut que je la châtie et épouvante. »
« Seigneur, dit la bonne Anne en tremblant, à genoux,
Soyez béni d’avoir eu pitié de nous !
Mais ne faites point de mal à ma sœur pécheresse,
Je lui pardonne et ne suis point vengeresse. »
« Je vais récompenser encore ton bon cœur
Qui est pur, généreux, pieux et sans rancœur :
Vos provisions seront, je le veux, éternelles.
Mais je vais humilier ta sœur criminelle
En brûlant ces moissons ainsi que sa maison
Et tuant ses troupeaux qui mourront sans raison
Autre que son cœur noir et qui te déteste.
Adieu ; sois bénie, Anne, et comme tu es reste. »

[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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