vendredi 26 juin 2015

Conte: La soupe aux pierres (Partie II)

CONTE: LA SOUPE AUX PIERRES (PARTIE Ii)


II. La cruauté de Marie, qui ne voulut pas être charitable à sa malheureuse sœur

La malheureuse Anne vit ses petits souffrir
Et comme ses neveux se faner et maigrir.
La méchante Marie, elle, était contente,
Et au lieu d’assister sa sœur, exultante,
Qui l’implorait pour ses pauvres petits en vain,
Elle diminuait son minuscule pain
Qui se rétrécissait comme leurs jeunes vies
Qui par la faim allaient être bientôt ravies.
Elle vit qu’il ne lui restait plus rien, un soir.
Pour pleurer elle alla auprès du feu s’asseoir,
Et elle implorait Dieu, le cœur plein d’alarmes.
Quand ses fils qui l’aimaient virent couler ses larmes,
Ils s’inquiétèrent pour elle et aussi pour eux,
Et elle vit venir ces anges malheureux
Qui lui demandèrent : « Qu’est-ce qu’il y a, mère ? »
Elle baissa sans rien dire sa tête amère.
L’aîné la crut malade et se tut noblement,
Mais la faim l’emportant, il lui dit faiblement :
« J’ai faim, mère, j’ai faim. » avec insistance.
Pour qu’il ne souffrît pas tenu à distance,
Le cadet, affamé, s’approcha peu à peu
Et vint s’asseoir avec sa mère auprès du feu
Et en l’embrassant il lui dit avec tristesse :
« Ma bonne mère, j’ai faim ! » Avec vitesse
Les autres se mirent à se plaindre et à pleurer
En voyant leur mère muette demeurer.
Mais elle n’était point dure et inexorable ;
Comme réveillée d’un sommeil, la misérable
S’écria : « Mes enfants chéris ! Pourquoi ces pleurs ? »
« Mère, nous avons faim ! » crièrent avec douleur
Les pauvres petits et que la faim torture.
« Nous avons de l’argent et de la nourriture.
Nous ferons une soupe qui nous régalera
Et en saveur celle du roi égalera.
François, cherche un peu d’eau dans notre marmite ;
Jean, du bois qui n’est pas rongé par les termites
Pour allumer un feu. Jouez aux alentours,
Les autres, et attendez quelque temps mon retour,
Je vais acheter de la viande bientôt cuite
Et je reviens manger avec vous tout de suite. »
La pauvre Anne en courant sortit de sa maison,
Les pieds nus, sur le point de perdre la raison.
Elle alla attendrir sa sœur : « Tant que je lave
Mes mains, mes fils ont faim. Fais de moi ton esclave
Si tu veux, mais au nom du Seigneur tout-puissant,
Sauve mes chers enfants, tes neveux et ton sang ! 
De me donner un peu de pain je t’implore. »
Mais Marie répondit : « Que me veux-tu encore ?
On doit gagner son pain au lieu de le mendier. »
« Quoi, ma sœur ? De chez toi tu me vas congédier
Alors que mes enfants mourront si tu refuses !
Je viens te supplier, bien que j’en sois confuse,
De sauver tes neveux qui vont bientôt mourir
Et même pour jouer ne pourront plus courir.
Ô, Marie, ma bonne sœur ! Sois-nous charitable ! »
« Ce n’est point mon affaire. Va seule emplir ta table.
Tu ne travailles plus depuis ce jour chez moi. »

Et Anne revint chez elle, pleine d’émoi.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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