CONTE: LA SOUPE AUX PIERRES (PARTIE Ii)
II. La cruauté de Marie, qui ne voulut pas être
charitable à sa malheureuse sœur
La malheureuse Anne vit ses petits
souffrir
Et comme ses neveux se faner et maigrir.
La méchante Marie, elle, était contente,
Et au lieu d’assister sa sœur,
exultante,
Qui l’implorait pour ses pauvres petits
en vain,
Elle diminuait son minuscule pain
Qui se rétrécissait comme leurs jeunes
vies
Qui par la faim allaient être bientôt
ravies.
Elle vit qu’il ne lui restait plus rien,
un soir.
Pour pleurer elle alla auprès du feu s’asseoir,
Et elle implorait Dieu, le cœur plein d’alarmes.
Quand ses fils qui l’aimaient virent
couler ses larmes,
Ils s’inquiétèrent pour elle et aussi
pour eux,
Et elle vit venir ces anges malheureux
Qui lui demandèrent : « Qu’est-ce
qu’il y a, mère ? »
Elle baissa sans rien dire sa tête
amère.
L’aîné la crut malade et se tut
noblement,
Mais la faim l’emportant, il lui dit
faiblement :
« J’ai faim, mère, j’ai faim. »
avec insistance.
Pour qu’il ne souffrît pas tenu à
distance,
Le cadet, affamé, s’approcha peu à peu
Et vint s’asseoir avec sa mère auprès du
feu
Et en l’embrassant il lui dit avec
tristesse :
« Ma bonne mère, j’ai faim ! »
Avec vitesse
Les autres se mirent à se plaindre et à
pleurer
En voyant leur mère muette demeurer.
Mais elle n’était point dure et
inexorable ;
Comme réveillée d’un sommeil, la
misérable
S’écria : « Mes enfants
chéris ! Pourquoi ces pleurs ? »
« Mère, nous avons faim ! »
crièrent avec douleur
Les pauvres petits et que la faim
torture.
« Nous avons de l’argent et de la
nourriture.
Nous ferons une soupe qui nous régalera
Et en saveur celle du roi égalera.
François, cherche un peu d’eau dans
notre marmite ;
Jean, du bois qui n’est pas rongé par
les termites
Pour allumer un feu. Jouez aux
alentours,
Les autres, et attendez quelque temps
mon retour,
Je vais acheter de la viande bientôt
cuite
Et je reviens manger avec vous tout de
suite. »
La pauvre Anne en courant sortit de sa
maison,
Les pieds nus, sur le point de perdre la
raison.
Elle alla attendrir sa sœur : « Tant
que je lave
Mes mains, mes fils ont faim. Fais de
moi ton esclave
Si tu veux, mais au nom du Seigneur
tout-puissant,
Sauve mes chers enfants, tes neveux et
ton sang !
De me donner un peu de pain je t’implore. »
Mais Marie répondit : « Que
me veux-tu encore ?
On doit gagner son pain au lieu de le
mendier. »
« Quoi, ma sœur ? De chez toi
tu me vas congédier
Alors que mes enfants mourront si tu
refuses !
Je viens te supplier, bien que j’en sois
confuse,
De sauver tes neveux qui vont bientôt
mourir
Et même pour jouer ne pourront plus
courir.
Ô, Marie, ma bonne sœur ! Sois-nous
charitable ! »
« Ce n’est point mon affaire. Va
seule emplir ta table.
Tu ne travailles plus depuis ce jour
chez moi. »
Et Anne revint chez elle, pleine d’émoi.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2162.
vendredi 26 juin 2015
Conte: La soupe aux pierres (Partie II)
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