vendredi 20 mars 2015

Conte: Le Capitaine Pierre (Partie VII)

CONTE: LE CAPITAINE PIERRE (PARTIE VIi)


VII. Comment le Capitaine Pierre sauva la troisième princesse, et ce que firent ses deux matelots, Pierre-Joseph et Pierre-Marie

« Pour sauver la dernière princesse, dit le nain,
Jeter de la viande, cette fois, sera vain,
Mais l’entreprise n’en est pas moins difficile.
Car au lieu de ces bêtes sombres et indociles,
La princesse sera gardée farouchement
Par des moustiques au dangereux approchement
Et dont les piqûres te seront mortelles. »
Le capitaine dit : « Ce n’est point bagatelle,
Mais pour empêcher ces moustiques d’approcher
Et de me faire par ces bestioles crocher,
Je me servirai comme moulinet de ma canne. »
Le nain s’écria : « Tu as toujours une arcane !
Si tu veux à tout prix mourir, il n’est pas tôt. »
Le capitaine ouvrit la porte du château
Et vit les appartements emplis de moustiques,
Hôtes innombrables de ces lieux antiques,
Dans leur fourmilière noirs comme des fourmis.
Il songea un peu ; au lieu de passer parmi
Ces insectes, et de frayer un passage,
L’aventurier trouva une façon plus sage
D’éviter les moustiques, en ouvrant rapidement
Toutes les portes. Avec un affreux grondement,
Ils fuirent leur prison sans causer sa perte.
Quand nul ne resta, il referma les portes,
Et vit la princesse, belle comme le jour,
Qui dormait sur un lit, gentille comme les amours,
Tout habillée, à ses deux chastes sœurs pareille.
Le capitaine lui murmura à l’oreille :
« Réveillez-vous, princesse. » Elle se réveilla,
Et, le suivant à la cabane, s’égaya
De trouver ses deux sœurs qu’elle croyait mortes.
Le nain lui dit : « De ce trou il faut que tu sortes
Avec les deux princesses. Retrouve ton panier,
Et prends cette baguette bien facile à manier
Avec laquelle tu frapperas, dehors, la terre,
Et tu demanderas à être propriétaire
D’un navire qui en France te va ramener. »
Il plaça la première princesse, sans halener,
Dans le panier que les deux matelots hissèrent.
Comme elle était jolie, un quart d’heure ils passèrent
A se disputer pour elle, et en vinrent aux mains.
Leur beauté essaya de les calmer en vain ;
Ce fut Pierre-Joseph qui gagna la princesse.
Ils se battirent une deuxième fois sans cesse
Pour sa sœur, plus belle, car ils voulaient son cœur.
Comme Pierre-Marie était l’heureux vainqueur,
Il fut convenu, pour ses vertus guerrières,
Qu’elle serait à lui. Malgré leurs prières,
Les deux matelots prirent les princesses, en laissant
Le panier dans le trou, et en les saisissant,
Comme un butin de guerre, toutes deux par la taille,
Chacun d’eux content de gagner la bataille.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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