CONTE: LE CAPITAINE PIERRE (PARTIE Iv)
IV. Ce que le Capitaine Pierre fit au nain, et le
secret que ce dernier lui révéla
Le Capitaine Pierre chassa du bon
gibier,
Et, comme l’autre jour, son fidèle
gabier
Chassait comme un borgne, manquant
toujours les bêtes
Qui s’enfuyaient en lui montrant leurs
gambettes.
A midi, voyant que Pierre-Marie tarda
A sonner la cloche, le marin regarda
Sa montre et dit : « Ma
foi, c’est chose singulière !
Attend-il que nous lui disions des
prières
Pour sonner la cloche ? Revenons le
revoir. »
Le matelot savait que de faire son
devoir
Le nain empêcha son ami ; le
sourire
Aux lèvres, il se garda cependant de le
dire.
Les deux marins trouvèrent leur
compagnon blessé
Et qui derrière la porte était affaissé,
Il leur raconta qu’il tomba en faiblesse
En allant chercher le balai. « Dieu !
Je vous laisse,
Lui dit le capitaine, sur vos pieds bien
portants,
Et vous trouve tous deux sur vos séants
pourtant ! »
Le lendemain ce fut lui qui demeura
faire
La cuisine. « Cela ne va pas lui
plaire !
Disaient les deux matelots sournois en
riant,
Il s’en repentira, le pauvre, en nous
priant
De faire la cuisine à trois, et la botte
altière
De ce diable de nain, lui rossera le
derrière. »
Ils virent du gibier et tirèrent dessus
Sans en tuer une seule pièce, mornes et
déçus.
Le capitaine, lui, préparait la soupe,
Lorsque le nain errant, jamais las de la
loupe,
Entra en lui disant : « Hou
hou hou ! que j’ai froid. »
Ne le connaissant pas, il lui dit sans
effroi :
« Passe dans le foyer et te
chauffe, bonhomme. »
Le nain –Je ne sais de quel nom on le
nomme–
Voulut mettre de la cendre à la soupe, sournois,
Mais le capitaine le prit par le harnois
Et, en le saisissant par le fond des
culottes,
L’envoya rouler comme un vaisseau sans
pilote
Dans la cabane. Le nain, se voyant
vaincu,
Lui dit alors : « Tu m’as fait
tomber sur mon cul !
Bigre ! Sans qu’ils n’aient pu me
donner la parade,
J’ai pourtant terrassé tes deux
camarades
Et comme deux bœufs qu’ils sont les ai
fait saigner !
Arrête de frapper et je vais t’enseigner
Une belle chose ; lève cette
pierre. »
« Je ne puis », répondit le
capitaine Pierre.
« Alors je suis plus fort que toi »,
lui dit le nain
Qui déplaça la roche qu’il repoussait en
vain
Et découvrit un trou ténébreux. « Au
fardage
De ton navire, tu vas prendre des
cordages,
Poursuivit le lutin, qu’en mettant bout
à bout
Tu transformeras en corde. Allez,
garibou,
Lève-toi ! Dans un grand panier tu
peux descendre
Dans ce précipice aussi noir que des
cendres,
Quand tu en atteindras le fond, ou tu
mourras,
Je te dirai par quel moyen tu pourras
Sauver les trois princesses qui y sont
prisonnières. »
Et le nain se glissa d’une preste
manière
Dans le trou béant que la pierre
reboucha
Sans que de ses ténèbres il ne s’effarouchât.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mardi 17 mars 2015
Conte: Le Capitaine Pierre (Partie IV)
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