mercredi 18 mars 2015

Conte: Le Capitaine Pierre (Partie V)

CONTE: LE CAPITAINE PIERRE (PARTIE V)


V. Le courage du Capitaine Pierre, et ce qu’il trouva dans la caverne

A l’heure de midi, les matelots entendirent
Sonner la clocher qu’en souriant ils attendirent,
Et ils en furent tous les deux bien étonnés
Et de voir le repas prêt et assaisonné.
Quand ils eurent mangé, le capitaine Pierre
Leur dit d’aller chercher, en ouvrant la paupière,
Tous les cordages qu’ils trouveraient dans les débris,
De les ramener ensuite, sans tarder, à l’abri,
Et de les réunir pour en faire un long câble.
Ils le firent sans qu’ils ne comprissent la fable,
Et les cordes avaient sept cents pieds de longueur.
Il leur fallait ensuite rassembler leurs vigueurs,
Et ils parvinrent, à trois, à soulever la roche.
Le capitaine dit : « Au lieu de reproches,
Je vous remercie tous deux de m’avoir caché
La vérité sur le nain, qui fut bien fâché
D’être vaincu par moi, et ravala ses cendres.
Dans ce trou nous allons essayer de descendre. »
Les deux marins tremblèrent, du danger coutumiers
Pourtant, et Pierre-Marie descendit le premier
Dans le panier ; On lui remit une clochette
Pour qu’une fois au fond de cette cachette
Il la fît retentir, ou s’il sentait la peur.
Mais dès qu’il ne put plus du jour voir les vapeurs,
Et qu’il se sentit en l’air suspendu sans ailes,
Le brave matelot, oubliant son zèle,
Eut grand peur et sonna la cloche en tremblant.
D’avoir eu le vertige le marin fit semblant
Quand on le remonta, et son autre confrère
Descendit à son tour dans le trou funéraire.
Il eut bien peur aussi, et on le remonta
Et à ses compagnons, dehors, il raconta
Qu’en descendant dans le trou il fit un malaise.
« Parbleu ! Vous n’allez pas gravir une falaise !
S’écria alors le capitaine étonné.
Auriez-vous peur de cet abîme abandonné ?
Jusqu’à ce qu’un petit bout de corde vous reste
Glissez-la, et tenez-vous, pour être prestes
A me remonter, près de ce trou ténébreux. »
Lorsqu’il descendit dans ce précipice ombreux,
Il prit avec lui une canne de sept cents livres
Pour tâter le chemin qu’il peinait à suivre,
Car il ne rencontrait que le vide et la nuit.
La corde était filée, à son plus grand ennui,
Avant qu’il n’atteignît le fond que l’ombre voile,
Et l’ouverture, en haut, luisait comme une étoile.
Le capitaine, ayant senti le fond peu loin,
Se laissa hardiment tomber, sans trop de soins,
Et sans se faire mal arriva à terre.
Dans cette grotte emplie d’ombre et de mystère,
Il faisait noir et chaud comme dans un grand four.
En s’aidant de sa canne, il trouva un carrefour,
Et le capitaine prit le chemin de droite
Et marcha dans une caverne fort étroite
A la fin de laquelle, recouvert de sueur,
Il crut apercevoir une infime lueur
Venant d’une cabane qui semblait déserte.
Content de cette demeure par le sort offerte,
Le capitaine Pierre y entra, affamé
Et par l’âpre chaleur le front tout enflammé,
Il dit à voix haute : « J’aimerais manger et boire !
Ah ! ces routes donnent faim, tortueuses et noires ! »
Dès qu’il eut dit ces mots, le marin, enchanté,
Vit une table riche, et sentant la santé
Lui revenir, mangea et but avec délice.
« Je suis las ! s’écria-t-il, non sans malice,
Et si j’avais un lit, je pourrais m’endormir. »
Dès que le capitaine eut fini de gémir,
Il vit un lit, digne d’un roi, apparaître ;
Il s’étendit dessus et dormit, sans être
Inquiété, deux bonnes heures. Il se réveillait
En sentant vaguement qu’un œil le surveillait
Et une piqûre légère à l’oreille.
« La Belle au bois dormant à toi est pareille,
Lui dit le petit nain qu’il vit à son chevet,
Et un peu plus, pour te réveiller, je t’achevais.
Lève-toi. Es-tu prêt à tenter les aventures ? »
« Oui, et je braverai toutes les créatures
Qui importuneront, sans trembler, mon dessein,
Et mes ennemis seront tous déchauts et décints. » 

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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