CONTE: LE CAPITAINE PIERRE (PARTIE V)
V. Le courage du Capitaine Pierre, et ce qu’il
trouva dans la caverne
A l’heure de midi, les matelots
entendirent
Sonner la clocher qu’en souriant ils
attendirent,
Et ils en furent tous les deux bien
étonnés
Et de voir le repas prêt et assaisonné.
Quand ils eurent mangé, le capitaine
Pierre
Leur dit d’aller chercher, en ouvrant la
paupière,
Tous les cordages qu’ils trouveraient
dans les débris,
De les ramener ensuite, sans tarder, à l’abri,
Et de les réunir pour en faire un long câble.
Ils le firent sans qu’ils ne comprissent
la fable,
Et les cordes avaient sept cents pieds
de longueur.
Il leur fallait ensuite rassembler leurs
vigueurs,
Et ils parvinrent, à trois, à soulever
la roche.
Le capitaine dit : « Au
lieu de reproches,
Je vous remercie tous deux de m’avoir
caché
La vérité sur le nain, qui fut bien
fâché
D’être vaincu par moi, et ravala ses
cendres.
Dans ce trou nous allons essayer de
descendre. »
Les deux marins tremblèrent, du danger
coutumiers
Pourtant, et Pierre-Marie descendit le
premier
Dans le panier ; On lui remit une
clochette
Pour qu’une fois au fond de cette
cachette
Il la fît retentir, ou s’il sentait la
peur.
Mais dès qu’il ne put plus du jour voir
les vapeurs,
Et qu’il se sentit en l’air suspendu
sans ailes,
Le brave matelot, oubliant son zèle,
Eut grand peur et sonna la cloche en
tremblant.
D’avoir eu le vertige le marin fit
semblant
Quand on le remonta, et son autre
confrère
Descendit à son tour dans le trou
funéraire.
Il eut bien peur aussi, et on le remonta
Et à ses compagnons, dehors, il raconta
Qu’en descendant dans le trou il fit un
malaise.
« Parbleu ! Vous n’allez pas
gravir une falaise !
S’écria alors le capitaine étonné.
Auriez-vous peur de cet abîme abandonné ?
Jusqu’à ce qu’un petit bout de corde
vous reste
Glissez-la, et tenez-vous, pour être
prestes
A me remonter, près de ce trou
ténébreux. »
Lorsqu’il descendit dans ce précipice
ombreux,
Il prit avec lui une canne de sept cents
livres
Pour tâter le chemin qu’il peinait à suivre,
Car il ne rencontrait que le vide et la
nuit.
La corde était filée, à son plus grand
ennui,
Avant qu’il n’atteignît le fond que l’ombre
voile,
Et l’ouverture, en haut, luisait comme
une étoile.
Le capitaine, ayant senti le fond peu
loin,
Se laissa hardiment tomber, sans trop de
soins,
Et sans se faire mal arriva à terre.
Dans cette grotte emplie d’ombre et de
mystère,
Il faisait noir et chaud comme dans un
grand four.
En s’aidant de sa canne, il trouva un
carrefour,
Et le capitaine prit le chemin de droite
Et marcha dans une caverne fort étroite
A la fin de laquelle, recouvert de
sueur,
Il crut apercevoir une infime lueur
Venant d’une cabane qui semblait
déserte.
Content de cette demeure par le sort
offerte,
Le capitaine Pierre y entra, affamé
Et par l’âpre chaleur le front tout
enflammé,
Il dit à voix haute : « J’aimerais
manger et boire !
Ah ! ces routes donnent faim,
tortueuses et noires ! »
Dès qu’il eut dit ces mots, le marin,
enchanté,
Vit une table riche, et sentant la santé
Lui revenir, mangea et but avec délice.
« Je suis las ! s’écria-t-il,
non sans malice,
Et si j’avais un lit, je pourrais m’endormir. »
Dès que le capitaine eut fini de gémir,
Il vit un lit, digne d’un roi,
apparaître ;
Il s’étendit dessus et dormit, sans être
Inquiété, deux bonnes heures. Il se
réveillait
En sentant vaguement qu’un œil le
surveillait
Et une piqûre légère à l’oreille.
« La Belle au bois dormant à toi
est pareille,
Lui dit le petit nain qu’il vit à son
chevet,
Et un peu plus, pour te réveiller, je t’achevais.
Lève-toi. Es-tu prêt à tenter les
aventures ? »
« Oui, et je braverai toutes les
créatures
Qui importuneront, sans trembler, mon
dessein,
Et mes ennemis seront tous déchauts et
décints. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mercredi 18 mars 2015
Conte: Le Capitaine Pierre (Partie V)
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