CONTE: LE CAPITAINE PIERRE (PARTIE Ii)
II. Ce qui arriva au Capitaine Pierre et à ses deux
matelots pendant leur voyage, et la curieuse rencontre que fit Pierre-Joseph
Le voyage fut paisible, et le navire
allait,
Bercé par un beau vent qui doucement
soufflait
En remuant la mer, son amante fort
belle,
Et qui à ses caresses n’était point
rebelle ;
Mais le ciel s’assombrit soudain, et l’océan
Pour naviguer devint bientôt messéant,
Quand une tempête s’éleva, formidable,
Et à laquelle nulle autre ne fut
semblable.
Le vaisseau fut, pendant quatre jours,
balloté
Et par les flots cruels cruellement
cahoté,
Et, malgré leur force, les matelots
fidèles
Perdirent le vaisseau, qui semblait muni
d’ailes.
Par l’orage grondeur et les vents
courroucés
Le frêle navire à la côte fut poussé,
Et il se brisa en échouant sur le sable.
Les trois hommes, pour fuir un trépas
effroyable,
Se sauvèrent, et quand ils revinrent à
la raison,
Des débris construisirent une petite
maison,
Comme le pays était désert, et
recueillaient
Les caisses avec lesquelles les flots
les assaillaient
Et qui étaient remplies de biscuit et de
lard.
Le capitaine un jour dit : « Il
y a du sanglar
Sur cette île, ma foi, ou il y a du
lièvre.
Demeurer ici, gens, me donne la fièvre,
Et manger le salé commence à me lasser.
Dans la forêt allons, camarades,
chasser,
Un de nous restera faire la cuisine,
Et nous chercherons dans cette manne
voisine
Du bon gibier. Celui de nous qui
restera,
Quand ce sera midi, nous manifestera
Qu’il est temps de rentrer, en sonnant
la cloche
Pour que nous ramenions ici nos
galoches. »
Ils apportèrent la cloche restée dans
les débris
Et l’accrochèrent à la porte de leur
abri
Puis partirent, joyeux, laissant à la
cabane
Pierre-Joseph, couvrant d’une grosse
banne
La viande et le biscuit, car ils n’étaient
pas sûrs
De trouver dans les bois du bon gibier
mûr.
Comme Pierre-Joseph rangeait les
écuelles
Et taillait le biscuit d’une main
ponctuelle
Pour faire la soupe, la porte du bahut
S’ouvrit soudainement, et sans dire un
salut,
Un bonhomme entra, pas plus grand que
trois pouces,
Et que Pierre-Joseph prit pour une
pousse.
D’une voix grêle il dit : « Hou
hou hou ! que j’ai froid ! »
« Passe dans le foyer, bonhomme. En
cet endroit
Sois le bienvenu, et si tu veux demeure
Et mange avec nous quand de midi viendra
l’heure. »
Pendant que le marin préparait le dîner,
Le petit nain se mit, joyeux, à
coquiner,
Souleva le couvercle de la grande
marmite
Et commença, aussi tranquille qu’un
ermite,
A jeter des cendres dans le beau
pot-au-feu.
« Ah ! s’écria Joseph, je te
rosserai sous peu !
Vilain ver de terre, petit grain de
poussière !
C’est ainsi que pour mon action
hospitalière
Tu me remercies ! Ah ! je vais
te corriger
Et à quitter cette demeure t’obliger. »
Mais le nain lui jeta aux yeux la cendre
âtre
Puis le frappa et le bâtit comme plâtre,
Et, comme s’il voulait encore l’humilier,
Avant de partir, le fourra sous l’escalier.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 15 mars 2015
Conte: Le Capitaine Pierre (Partie II)
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