lundi 16 mars 2015

Conte: Le Capitaine Pierre (Partie III)

CONTE: LE CAPITAINE PIERRE (PARTIE IIi)


III. Ce qui arriva à Pierre-Marie, qui resta pour cuisiner

Pendant ce temps les deux chasseurs toujours chassaient,
A toute allée de la forêt où ils passaient
Ils faisaient du gibier ; le capitaine adroit
A chaque coup de fusil et à chaque endroit
En abattait, alors que le deuxième Pierre,
Aussi maladroit que s’il lançait des pierres,
Ne tuait rien et en était fort étonné.
Midi advint sans que la cloche n’eût sonné,
Et les deux chasseurs pour leur ami s’inquiétèrent.
A leur cabane, alors, ils se retraitèrent
Et trouvèrent Pierre-Joseph pâle, étendu
Sous l’escalier. « Pardieu ! nous t’avons attendu
Bien longtemps, lui lança le bon capitaine,
Sans entendre sonner ta cloche certaine.
Que t’est-il arrivé quand nous étions absents ?
Car pour te battre ainsi nul n’est assez puissant. »
« Je suis tombé tout seul, dit-il. Je tiens la rampe,
Et j’ai été pris par une farouche crampe
En allant chercher du sel. Ne vous fâchez pas. »
On trempa la soupe, et pendant le repas
Les compagnons faisaient de rudes grimaces.
« Dieu tout-puissant ! Est-ce que je mange ta limace ?
S’écria Pierre-Marie. Dans ton bouillon
Je crois que j’aperçois son ténébreux douillon.
Ah ! c’est de la cendre ! Comment est-elle tombée
Dans la soupe, telle une route d’hiver embourbée ? »
« Je ne sais, répondit Pierre-Joseph, gêné,
Et à ce sujet je ne puis vous certainer. »
Le lendemain Joseph et le capitaine
Allèrent à la chasse en la forêt peu lointaine,
Et Pierre-Marie, lui, demeura cuisiner.
Comme il faisait cuire un ragoût pour le dîner,
Il vit entrer le nain et s’ouvrir la porte.
Sa surprise de le voir était bien forte ;
« Hou hou hou ! que j’ai froid. » lui répéta le nain.
« Chauffe-toi, petit homme, dans ce foyer bénin,
Répondit le marin, tu es bien étrange !
Un compagnon de plus jamais ne dérange,
Et tu peux, avec nous, en ces lieux séjourner. »
Pendant que le marin avait le dos tourné,
Le nain prit un morceau de bois et de la cendre
Et mêlait le ragoût qu’il finit par répandre
Sur le sol, en faisant la casserole déborder.
« Ah ! à te corriger je ne vais pas tarder !
S’écria le marin, et à ta tanière
Tu reviendras instruit des bonnes manières. »
Mais au moment où il levait sur lui la main,
Il tomba, battu par le formidable nain
Qui le fourra derrière la porte avec adresse
Et le laissa, couvert de honte et de détresse.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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