vendredi 13 mars 2015

Conte: Le Capitaine Pierre (Partie I)

CONTE: LE capitaine pierre (PARTIE i)


I. Pourquoi le Capitaine Pierre partit, et comment il rencontra ses deux puissants matelots, Pierre-Joseph et Pierre-Marie

Il y avait jadis un capitaine au long cours
Qui s’appelait Pierre et qui servit à la cour
Et resta longtemps sans commander un navire.
Ennuyé, le vaillant marin qui soupire
Quitta Saint-Malo, et partit pour aller voir
Si dans d’autres ports son courage et son savoir
Le rendraient plus heureux ; mais toutes ses démarches
Furent vaines, et ce Noé ne trouva point son arche
Et resta confiant, en pensant qu’on finirait
Par lui confier un bon vaisseau qu’il bénirait
En bravant, à son bord, la France et la Bretagne.
Un jour qu’il passait près d’une vaste montagne,
Il vit un géant qui ne semblait point humain
Et appuyait dessus ses formidables mains
Comme s’il avait peur qu’elle tombât à terre.
Le capitaine, pour comprendre ce mystère,
Demanda au géant : « Que fais-tu là, l’ami ? »
« Je ne sais, répondit-il. Dieu ici m’a mis,
Et je suis occupé à cette besogne
Comme de ses enfants la mère gigogne,
Depuis cent ans, sans me lasser de ce fardeau ;
Je mange l’herbe et de la pluie prends ma part d’eau. »
« Tu es fort, mon ami, dit le capitaine,
Ne veux-tu pas partir à des contrées lointaines ?
A voyager avec moi daigne consentir,
Je te promets de ne jamais t’en repentir. »
« Je veux bien te suivre », répondit le bonhomme
Qui posa le mont comme un chevalier son heaume,
Et s’appelait Pierre-Joseph. Les voyageurs,
En traversant une forêt, tous deux songeurs,
Virent un bonhomme qui ramassait des branches
Mais qu’au lieu de casser pour les réduire en tranches
Déracinait de gros chênes qui semblaient ragots
Et dont il se servait pour lier ses fagots
En en tordant avec ses mains les écorces.
« Bonhomme, dit Pierre, tu as beaucoup de force !
Veux-tu venir avec nous et braver la mer ? »
« De demeurer dans ces bois je suis bien amer,
Répondit l’homme qui s’appelait Pierre-Marie,
J’espère que mon âme en sera moins marrie. »
Les trois voyageurs se mirent ensemble à marcher.
Le capitaine leur dit qu’il voulait chercher
Un navire, qu’après deux jours ils trouvèrent,
Quand au port de Marseille enfin ils arrivèrent.
C’était un fier vaisseau de trois mille tonneaux
Et que les deux marins, comme un vil ramponneau,
Pouvaient manœuvrer, grâce à leur grande puissance,
Suivant leur capitaine avec obéissance.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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