CONTE: LA HOULE DU CHÂTELET (PARTIE V)
V.
Le présent que la jeune fille reçut de sa filleule, et ce que lui arriva quand
elle se maria
La
jeune fille, qui dix ans dans la houle séjourna
Sans
le savoir, à sa demeure retourna.
Sa
mère, en la voyant, s’écria : « Malheureuse !
Nous
te croyions noyée dans la mer ténébreuse
Ou tombée
des falaises. Où est-ce que tu étais ?
Et
qu’est-ce qui, pendant tout ce temps, t’arrêtait ? »
« Ne
me grondez pas, mère, répondit la jeune fille.
Jamais
je ne quitterai ma chère famille,
Et je
suis partie il y a deux jours pour nommer
L’enfant
de la fée, qui m’a permis de chômer
Pour
qu’à sa houle cachée aux humains elle m’invite.
Je n’y
suis restée que deux jours et suis revenue fort vite. »
« Deux
jours ! s’écria une autre fois la maman,
Tu oses
me le redire ainsi, arrogamment !
Tu es
restée dix ans, c’est pourquoi je te gronde,
Vois
comme tu es haute sur tes jambes et gironde. »
La
jeune fille, étonnée, se vit dans un miroir,
Ne pouvant
croire qu’elle devint femme en deux soirs,
Ses frères
et sœurs, petits quand elle était partie,
Devinrent
aussi grand qu’elle quand elle fut sortie
De la
grotte, et elle les prit pour des étrangers,
Comme
eux en la voyant de la sorte changer.
Elle
demanda d’abord qu’on la laissât seule,
Et tricota
une paire de bas pour sa filleule
Qu’elle
alla porter à la houle, sans courir
Cette
fois de la portière qui vint lui ouvrir.
Les
fées lui furent bonnes et hospitalières
Et l’accueillirent
avec leur joie régulière,
Elle
y passa cinq ans en y passant un jour,
Avant
de partir, sa filleule, avec amour
L’embrassa,
et lui fit présent d’une bourse
En lui
disant : « Vous pourrez faire toutes vos courses
Grâce
à cette bourse emplie d’or. Quand vous y prendrez
Une pièce,
une autre viendra ; vous entendrez
Un bruit
plaisant, et vivrez comme une reine.
Mais
souvenez-vous bien, ma chère marraine,
Que si
un autre que vous y puise, elle perdra
Toutes
ses vertus, et votre cœur s’en mordra,
Car votre
richesse deviendra éphémère.
Ne m’oubliez
pas, je vous aime comme une mère. »
Comme
elle était jolie, la jeune fille, en allant
A son
village, ne manqua pas de galants
Pour
lui faire la cour, et en était charmée.
Ses
frères partirent s’enrôler dans l’armée
Et ses
sœurs se marièrent ou allèrent au couvent.
Un
jeune homme fort beau qui la courtisait souvent
Lui plut ;
elle consentit à être son épouse,
N’étant
pas cachottière et de son or jalouse,
Elle
lui parla de sa bourse aux magiques pouvoirs,
En pensant
ainsi faire son conjugal devoir.
Son
mari, croyant ce prodige imaginaire,
En prit
une pièce, et comme une bourse ordinaire
Elle
s’épuisa bien vite. Nul ne sait, aujourd’hui,
Ce qui
se passa, si l’époux fut éconduit
Par sa
femme en colère, et si cette dernière
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
vendredi 23 janvier 2015
Conte: La Houle du Châtelet (Partie V)
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