samedi 24 janvier 2015

Conte: Les petites Coudées (Partie I)

CONTE: les petites coudées (partie i)


I. Comment Crépuscule brilla dans le bal plus que sa sœur Aurore, et le stratagème de son père le roi

Un roi et une reine avaient, jeunes encore,
Deux filles qui s’appelaient Crépuscule et Aurore ;
Cette dernière, qui était plus belle que sa sœur,
Etait plus aimée et traitée avec douceur
Par ses parents qui la nommaient leur offrande.
Quand les deux princesses devinrent plus grandes
Et arrivèrent toutes deux à l’âge de se marier,
Le roi et la reine, fiers de leurs lauriers,
Donnèrent, dans leur château, un bal mémorable
Où furent invités tous les seigneurs honorables
Et tous les princes qui étaient aux environs.
Au commencement tous les jeunes hommes gironds
Voulaient danser avec Aurore, la trouvant belle,
Mais ils ne dansèrent qu’une seule fois avec elle,
Car elle n’était point aimable, et sa beauté
N’avait d’égales que sa bêtise et cruauté,
Et ils ne pouvaient se lasser, en revanche,
De la société de sa sœur, moins belle et blanche,
Mais qui était plus douce et avait de l’esprit.
Aurore resta presque seule, ce qui surprit
Le roi, fort fâché de cette préférence
Et de voir sa fille traitée sans déférence,
Qui résolut de perdre Crépuscule sans délai,
Pour que tous ses galants à qui sa sœur déplaît
Fussent obligés de la courtiser à sa place.
Il dit à Crépuscule, à la fin du bal lasse :
« Ma fille, vous allez partir pour aller voir
Votre marraine la fée dans la forêt, ce soir. »
« Père, répondit-elle, l’heure de la voir est passée,
Je vais avoir peur toute seule, et je suis lassée
Par ce bal qui n’est pas encore terminé
Et fait rayonner le château illuminé.
Il est nuit noire, souffrez qu’à demain j’attende
Avant qu’aux bois sombres et grands je me rende. »
« Non, dit le roi, il faut m’obéir sans tarder.
Vous n’allez pas, dans la forêt, vous hasarder,
Votre fée veut vous voir car elle est mourante,
Comptez-vous, pour avoir dansé de la courante,
La laisser rendre toute seule son soupir dernier ?
Noble comme vous l’êtes, vous allez le nier,
Et de vous voir elle sera heureuse, sans doute.
Ne vous inquiétez point, ma fille. Pour la route
Je vais vous donner un panier de provisions,
On conte que ces bois sont peuplés de visions,
De revenants et de lutins de toutes sortes ;
N’en tremblez point. Un brave écuyer vous escorte,
Vous va accompagner tout au long du chemin,
Et vous serez revenue ici avant demain. »
Ne devinant point la ruse de son père
Et pensant qu’elle lui était comme sa sœur chère,
Crépuscule se hâta de monter à cheval,
Suivie de l’écuyer, dès que finit le bal.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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