mercredi 21 janvier 2015

Conte: La Houle du Châtelet (Partie III)

CONTE: LA HOULE DU CHÂTELET (PARTIE III) 


III. La proposition que la maîtresse des fées fit à la veuve

La veuve ne voulut pas, le lendemain, se lasser
A rechercher ses coques et à les ramasser,
Mais revenir avec un présent à sa demeure.
Elle alla à la grotte des fées à la même heure
Que la veille ; la vieille portière lui ouvrit,
Et à l’entrée de la houle elle découvrit
Une belle dame qui lui dit : « Sois la bienvenue
Dans ma grotte enchantée et par le temps chenue.
Dis-moi, as-tu trouvé mon pain bon à manger ? »
« Excusez-moi, madame, d’ainsi vous déranger,
Répondit la veuve, oui, je vous remercie
De ne pas être pour les pauvresses endurcie.
Il est si bon que tout le bourg s’en est lesté
Et qu’avant la fin du jour rien n’en est resté. »
La bonne fée lui dit, souriante et gentillette :
« Je te donnerai un pain qui gardera ses miettes
Et sa fraîcheur, si tu le gardes bien caché.
N’en parle à personne, pour que nul ne soit fâché,
Et n’en fais manger qu’à tes enfants que tu aimes,
Ou il disparaîtra, comme l’autre, le soir même.
Je n’attends de toi qu’une seule chose en retour :
Je possède quatre vaches et n’ai point de pâtours,
Promets-moi que chaque jour une de tes filles
Viendra me les garder. Pour cette guenille,
Sans vendre tes coques, il ne te manquera plus rien. »
« C’est bien aimable à vous, madame. Je veux bien,
Répondit la veuve. Mais je n’ai pas pu entendre
Ou voir vos vaches. Où ma fille ira-t-elle les prendre ? »
La fée lui expliqua : « Elle viendra chaque matin
Dans un champ qui n’est pas de la grotte lointain,
A huit heures, où elle les gardera toute la journée.
Quand elle sera, le soir, chez elle retournée,
Nous viendrons les chercher et ici les ramener. »
L’aînée des filles de la veuve venait affener,
Chaque matin, les vaches des fées qui pâturaient
Et, contentes, dans le champ verdoyant couraient.
Les voisins la voyaient, sa gaule à la main,
Et, les vaches n’étant point visibles aux humains,
Maintes gens étonnées maintes fois prièrent
Cette fille de douze ans sur l’herbe des forières
De leur dire ce que toute seule elle faisait.
D’une voix ingénue cette dernière leur disait
Qu’elle gardait les vaches des fées, et ils en riaient
Et de revenir à sa demeure lui criaient,
Mais elle continuait à garder son troupeau,
Et les fées lui donnaient chaque jour du repos
Et lui apportaient à manger, contentes d’elle,
Laborieuse, bien que petite, et fidèle.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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