CONTE: LA HOULE DU CHÂTELET (PARTIE IV)
IV. Comment la petite pâtoure grandit fort vite
Avant qu’on vînt chercher les quatre
vaches, le soir,
La patronne vint à la petite fille pour
la voir
Et dit à la pâtoure, douce et souveraine :
« De mon enfant veux-tu être la
marraine ? »
La jeune fille répondit : « Oui,
madame, je veux bien. »
« N’en jase à personne, même à ta
mère n’en dis rien,
Ordonna la fée, ou tu te trouveras punie
Et de tes repas de chaque jour démunie.
Je t’avertirai quand il te faudra venir. »
La petite fille, qui devait se retenir,
Ne dit point son secret, et comme d’habitude,
Allait pâturer les vaches dans la
solitude.
Quelque temps après, une fée vint la
rencontrer
Et lui dit qu’elle allait le lendemain
lui montrer
Pour qu’elle nommât l’enfant, le chemin
de la houle.
« Demain, lui dit-elle, évite les
yeux de la foule,
Sois ici à midi, on viendra te chercher. »
La pâtoure était une jolie fille ;
au marché,
Elle alla acheter une robe mignonette
Que lui vendit à bas prix un marchand
honnête,
S’arrangea de son mieux, et comme
convenu,
Elle vint, à midi, aux champs aux épis
grenus.
A la porte de la houle elle fut conduite
Et, effrayée, allait prendre la fuite
En voyant la vieille portière au dos
garni
De moules reluisantes et d’étranges
bernis.
Mais elle rassura la fille à courir
preste
Et lui dit : « Ne crains
rien, mon enfant, et reste.
Nul mal ne te sera fait, laisse-moi te
guider. »
Comme la jeune pâtoure ne pouvait se décider,
Une autre fée, jeune et jolie, vint la
prendre
Par la main, et l’aida dans la houle à
se rendre.
Quand elle sortit de cet antre où le
temps est court
Et plus rapidement que dans notre monde
court,
Elle ne croyait rester que deux jours
dans la grotte,
Mais sa filleule était déjà grande et
fiérote,
Et elle y demeura dix ans à son insu.
Sa mère et ses frères, grâce à elle
cossus,
La cherchèrent partout avec un grand
malaise,
Puis crurent qu’elle se noya ou tomba d’une
falaise,
Ne la trouvant nulle part, et pleurèrent
sa mort.
Sa mère était la plus triste, et pleine
de remords,
Pensait être la cause de cette perte
cruelle.
Une fée ne tarda pas à venir à elle
Et lui demanda, souriant avec douceur,
Qu’une autre de ses filles vînt
remplacer sa sœur,
Qui alla à sa place, joyeuse
moucheronne,
Garder toute la journée les vaches de la
patronne.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
jeudi 22 janvier 2015
Conte: La Houle du Châtelet (Partie IV)
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