mardi 7 juillet 2015

Conte: Les trois oranges (Partie III)

CONTE: LES TROIS ORANGES (PARTIE IIi)


Note lexicale: "oïmé!": Cette expression signifie à la fois: "hélas! hélas!" et "malheureuse que je suis!" C'est la marque du plus profond désespoir.

III. Ce qui arriva à la belle-mère et à la demi-sœur de Marie, après que le prince eut choisi cette dernière pour épouse

« Ce château, dit la fée, sera notre demeure,
Et je te servirai jusqu’à ce que je meure
Et je vais obéir à tous tes commandements. »
Marie, dès ce jour-là, mangea gourmandement,
Comme si elle était sa fille, fidèle,
La fée, ne la quittant jamais, s’occupait d’elle
Et lui disait souvent que son plus grand plaisir
Etait d’entendre ainsi qu’exaucer ses désirs.
Un matin que Marie était à la fenêtre
A cette heure douce où l’on voit le soleil naître
Allumé dans les cieux comme un vivant flambeau,
Et comme le temps lui semblait propice et beau,
Marie commença à chanter. La colombelle
Berça le fils du roi qui la trouva belle
Et qui passait sous sa fenêtre par hasard.
Il en tomba follement amoureux. Le busard
Pour la demander en mariage, à sa porte
Frappa. Nul homme ne lui parla de la sorte,
Marie rougit d’abord, mais il lui fallait
Prendre parti avant le retour au palais
Du prince dont les yeux criaient miséricorde,
Et elle murmura enfin : « Je vous l’accorde. »
Avec la fée et son jeune prince amoureux
Les voilà à la cour. Au roi son père, heureux,
Le prince dit : « Voici mon épouse, mon père.
Que vous allez bénir notre union j’espère,
Car j’aime Marie et veux être son ami. »
« As-tu donc oublié, fils, que tu as promis
Que Carniolina va être ton épouse ? »
Cette Carniolina, elle aussi jalouse,
Etait la fille de la reine qui mentit
Pour que son vieux père à la chasser consentît.
« Carniolina, reprit le prince, est méchante,
En outre elle est hideuse et effarouchante ;
Mon père, je ne veux point vous désobéir. »
Voyant que le prince fougueux n’allait rien ouïr
Et qu’il aimait vraiment sa princesse chérie,
Ils consentirent à lui faire épouser Marie.
Aux noces sublimes qui durèrent sept jours
Et emplirent de dames et de seigneurs la cour
Carniolina et sa mère furent invitées.
De connaître le nom de l’épouse irritées,
Elles désespéraient. Carniolina disait :
« Oïmé, oïmé ! » et la jalousie l’épuisait
Au point qu’elle en mourut, ténébreuse et amère,
Et fut bientôt suivie par sa méchante mère.
Marie et le prince demeurèrent sereins
Jusqu’à leur mort, et à leurs enfants souverains
La fée, qui ne quitta jamais leur famille,
Fit des dons prodigieux, et comme ses filles
Et ses fils, elle aima tous leurs nobles enfants
Qui devinrent charmants, bons, justes et triomphants.

[FIN DU CONTE: LES TROIS ORANGES]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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