lundi 6 juillet 2015

Conte: Les trois oranges (Partie II)

CONTE: LES TROIS ORANGES (PARTIE iI)


II. Comment Marie put étancher la soif de la troisième fée, et ce qui s’ensuivit

Marie continua encore son voyage.
Comme un marin cherche un propice rivage,
Elle cherchait de l’eau pour qu’elle pût ouvrir
La deuxième orange, et son secret découvrir.
Elle arriva enfin près d’un lac immense
Et se dit : « J’attendis longtemps sans véhémence,
Maintenant je vais ouvrir une orange, et je crois
Qu’il y aura assez d’eau à boire à cet endroit. »
Une fée en sortit, radieuse lumière,
Qui était deux fois plus belle que la première.
« A boire ! à boire, cria-t-elle, je veux ! »
Et Marie lui dit : « Bois donc ce lac si tu peux. »
La fée le fit, et le lac, comme un petit verre,
Se vida de son eau. D’une voix sévère
La fée demanda à Marie : « Est-ce fini ? 
A boire ! à boire encor ! » « Ma fée au front béni,
Il ne reste plus d’eau. Je me suis affairée
Bien cependant pour que tu sois désaltérée. »
« Adieu alors, Marie, adieu, je m’en vais. »
Et Marie, qui d’avoir la belle fée rêvait,
Se désolait et se disait : « Il ne me reste
Qu’une seule orange, et sa fée sera preste
A fuir, si je ne lui trouve pas assez d’eau.
L’autre avait raison : c’est un pénible fardeau.
Où vais-je trouver plus d’eau ? Quelle dure épreuve ! »
Elle arriva, trois jours après, à un grand fleuve,
Si large et si profond qu’il semblait une mer.
« Enfin ! pensa notre marcheuse au cœur amer,
Je vais pouvoir ouvrir la troisième orange. »
Il en sortit une fée douce et étrange
Qui était plus belle que ses deux consœurs.
Comme elles elle cria sur un ton gémisseur :
« A boire ! J’ai bien soif ! » A la créature
Marie répondit : « Si la soif te torture,
Bois ce grand fleuve afin de te désaltérer. »
La fée se mit à en boire sans différer,
Mais le fleuve était si grand que même une fée
Ne put le dessécher, puissante et assoiffée.
« Je suis vaincue, dit-elle à Marie, et je puis
Exaucer tous tes vœux. » « Reste donc, ne me fuis
Pas, car je veux t’avoir pour amie fidèle. »
« Et je le serai. » Les deux blanches hirondelles,
La fée et la princesse au cœur moins hésitant,
Arrivèrent à un grand château sans habitants.  

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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