mercredi 8 juillet 2015

Conte: Les trois pommes de Mariucella (Partie I)

CONTE: LES TROIS pommes de Mariucella (PARTIE I)

I. Ce qui arriva à Mariucella quand son père se remaria

Un homme, après avoir par le monde cherché
Et pendant plusieurs mois voyagé et marché
Alors qu’on s’étonnait de sa sombre folie,
Prit pour épouse une femme douce et jolie
Qu’il aima comme elle lui semblait le chérir.
Neuf mois passés, leurs feux ardents firent mûrir
Une fillette aussi belle que sa mère
Et que Mariucella ses parents nommèrent.
Lorsque l’enfant n’eut plus besoin d’allaitement,
Sa mère disparut. Ignorant complètement
Ce que son épouse devint, le triste père
La chercha sans succès. Puissant et prospère
Pour demeurer veuf, comme s’il voulait se punir,
On le vit après des mois de nouveau s’unir
Cette fois à une femme riche et laide.
On ironisait : « Que Dieu le tout-puissant l’aide ! »
Neuf mois après, cette femme la vie donna
A une fille qu’on appela Dinticona
Qui comme le péché était repoussante.
Pour qu’on oubliât sa laideur aveulissante
Et ne point contempler sa sombre pâleur,
D’habits qui comme le ciel changeaient de couleur
Sa mère la parait, et de boucles d’oreilles
Formées de deux diamants pesants et sans pareilles.
Mais rien n’était plus vain que tous ces ornements
Qui ne faisaient perdre à nul le discernement
Et rendaient sa laideur plus épouvantable
Et la beauté de sa sœur plus redoutable ;
L’une comme l’autre, on n’osait les regarder
Ou à leur parler sans flatteries se hasarder,
Mais la mère voyait qu’on préférait la belle
A sa laideron, chose qui était naturelle,
Et jalouse d’elle bien souvent maltraitait
Mariucella qui mal habillée qu’elle était,
Ne mangeant que très peu et se faisant battre,
S’embellissait, ce qui fâchait sa marâtre.
Elle ne lui montrait que de la cruauté
Et comme pour châtier et flétrir sa beauté
L’envoyait garder tous les matins les vaches,
Et elle obéissait sans jouer la bravache
Quand elle lui donnait chaque jour à filer
Du grossier poil de chèvre, afin de mutiler  
Ses mains blanches, alors que sa fille pleureuse
Avait du beau lin fin et était heureuse.
Un jour, la marâtre dit à Mariucella :
« Prends ce poil et ce file-moi tout cela
Ou tu seras battue comme tu le mérites
Si tu désobéis ou si tu m’irrites. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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