CONTE: Les trois oranges (PARTIE I)
I. Pourquoi le roi châtia injustement sa fille
Marie, le jardin auquel elle arriva au terme de son errance, et le conseil qu’une
fée lui donna
La reine d’un
pays immense et prospère
Venait de mourir
en faisant du roi le père
D’une fillette
aussi belle que les amours
Qui s’appelait
Marie, douce comme le jour.
Le roi veuf qui
l’aimait de toute son âme
Porta pendant un
an le deuil de sa femme ;
Mais il se
remaria après, car il fallait
Qu’une reine
vécût avec lui au palais.
Il en eut une
autre fille, sombre offrande,
Qui était si
laide quand elle devint grande
Que sa mère dit
un jour au roi jalousement :
« Hier des
témoins ont vu les embrasements
De Marie, votre
fille, et l’officier qu’elle aime.
En vous le
racontant je suis moi-même blême,
Mais il vous
faut savoir ce délit abhorré
Et que votre
fille vous a déshonoré.
Je ne puis vous
dire sa désinvolture
Ou vous raconter
ce qu’on dit de l’aventure
Qu’on murmure
tout bas dans votre cour,
Car, seigneur,
je veux, moi, vous porter secours ;
Ma pudeur me
défend d’encore vous déplaire. »
Le roi brûla d’une
terrible colère
A ces mots, et cria : « Chassez-la
sans tarder !
Je ne veux plus
sa voix ouïr ou la regarder !
Si je la vois ce
soir, cette malheureuse,
Je la jetterai
dans ma prison la plus affreuse
Où elle périra
sans voir le firmament. »
La reine exécuta
donc précipitamment,
Allant à la
chambre de la fille innocente,
Toujours vertueuse
et jamais offensante,
Sans dévoiler sa
joie, le noir ordre du roi.
Marie se
désolait, pleurait, tremblait d’effroi
Et voulait voir
le roi, malgré sa défense,
Mais on n’écouta
point son innocente enfance
Et la fillette
fut obligée de partir.
Elle sentit la
marche dix jours appesantir
Ses pas errants,
ainsi que dix nuits entières ;
La petite,
malgré elle aventurière,
Poussée sans
doute par le vent de son destin,
Arriva enfin à
un grand jardin lointain
Où il y avait de
beaux fruits de toutes sortes,
Fardeaux que
mille arbres courbés sans gémir portent.
A son entrée,
Marie vit un vaste oranger
Que rien ne
défendait aux curieux étrangers
Et qui portait
seulement trois grosses oranges.
Quand elle les
cueillit de cet arbre étrange,
Car elle avait
grand faim, dès qu’elle en ouvrit un,
Il sortit du
fruit, plus petite qu’un lutin,
Mais charmante
et gentille, une fée bien frêle
Et qui grandit d’une
façon surnaturelle
Et demanda à
boire, car la soif la rongeait.
La douce Marie,
qui comment l’aider songeait,
Vit qu’elle n’était
pas loin d’une fontaine.
Elle donna de l’eau
à la fée, certaine
D’éteindre sa
soif, mais la fontaine sécha,
Et en vain d’en
chercher Marie se dépêcha.
« C’est
tout ? » demanda-t-elle à la bonne Marie.
« Oui,
hélas ! répondit-elle, et j’en suis marrie.
Il n’y a point d’autre
eau pour vous en cet endroit. »
« Adieu
alors, Marie ! Adieu, fille du roi !
Je m’en irai
bientôt ; mais puisque tu es bonne
Suis ce précieux
conseil qu’une fée te donne :
Tu ouvriras tes
deux oranges, deux fardeaux,
Seulement quand
tu auras près de toi assez d’eau
Pour désaltérer
leurs deux fées prisonnières. »
Et la fée
disparut d’une étrange manière.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2164.
dimanche 5 juillet 2015
Conte: Les trois oranges (Partie I)
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